La NR : Le président Bouteflika affirme que l'Algérie se prépare «sérieusement» à la révision constitutionnelle, qu'en pensez-vous ? Hamid Farhi : La question de la révision de la Constitution est une question importante. On se doit de tirer toutes les leçons de l'expérience des 50 ans d'indépendance. Le MDS n'a pas cessé d'en faire un des thèmes principaux de son opposition au système. Le MDS se bat pour une deuxième République dont la Constitution en serait le socle, une Constitution pérenne qui met fin au parti unique et son pendant l'islamisme, et qui réaffirme les valeurs d'égalité homme-femme, inscrit les droits sociaux inaliénables de tous les citoyens... Un tel projet ne peut avoir de crédibilité que s'il est soumis à un large débat dans la société et non pas concocté dans des bureaux feutrés avec une classe politique obsolète. Au-delà des calculs internes au système, c'est cela qui doit guider les intentions du pouvoir de fait incarné par Bouteflika. Pensez-vous que la santé du Président lui permettra de mener à bien ce projet ? Je ne suis pas docteur pour juger de la santé du Président mais la question n'est pas là, le pouvoir veut réformer la Constitution avec ou sans Bouteflika et l'Algérie a besoin dune Constitution pérenne qui capitalise son expérience, qui garantit la souveraineté de notre peuple et ses aspirations avec ou sans Bouteflika, et c'est à ça que toutes les forces vives doivent s'atteler. Participerez-vous à la conférence nationale du FFS ? Nous sommes très attentifs et n'avons aucun préjugé sur toutes les initiatives qui se prennent par les différents acteurs. Nous les apprécions à partir de nos analyses et positions. Mais il est difficile de répondre par l'affirmative alors que nous ne connaissons pas le contenu de cette dernière. Que reste-t-il du socialisme en Algérie ? Pour le MDS, l'Algérie n'a jamais été socialiste. L'option socialiste de Houari Boumediene n'était que la réalisation des tâches d'édification nationale et la récupération des richesses nationales. La poursuite de ce qui avait été accompli dans la guerre de Libération nationale, et ce n'était pas rien. Mais si vous voulez parler de la gauche, c'est un autre sujet. Elle a connu un reflux dans le monde depuis la chute du Mur de Berlin. En Algérie, ce reflux a été d'autant plus terrible que la montée des courants néolibéraux s'est faite en alliance avec l'intégrisme. Cela a failli même emporter le pays, pas seulement la gauche. Mais avec toutes les luttes citoyennes autour des questions sociales et démocratiques, les progrès des forces de gauche dans le monde arabe comme en attestent les résultats électoraux en Tunisie, il y a de bonnes raisons d'espérer un retour en force. Les bâtons dans les roues de toutes les forces de la «chkara », comme à Béjaïa, où les autorités ont empêché un meeting du MDS, pourtant initialement autorisé, ne vont pas arrêter ce redéploiement des forces de gauche. Elles ont gagné en lucidité et en détermination. Le MDS ne se laissera donc pas abuser par les proclamations sur le patriotisme économique et par les discours sur une réforme démocratique de la Constitution. Il exige une mise en cohérence entre les paroles et les actes.