Le 25 septembre 2013, battu par deux jeunes assaillants alors qu'il était seul dans son habitation, un retraité de 82 ans habitant Sidi Amar dans la wilaya de Annaba a été atteint de plusieurs coups de couteaux de boucher assénés à la tête et sur le corps par deux délinquants. Ce sont deux drogués qui en voulaient à son argent et aux bijoux de son épouse. Ils avaient pour complice, une jeune femme qui s'est avérée être la nièce de l'épouse temporairement handicapée. Cette nièce de quarante ans d'âge avait été sollicitée par le couple pour l'aider dans leur quotidien. Une tentative de vol avec violence particulièrement crapuleuse commise dans une des localités de la commune de Sidi Amar à 11 km du chef-lieu. Le retraité sans histoires, avait été mis pratiquement à mort par les 2 jeunes marginaux. Lors de l'instruction, le parquet de Annaba s'est peu épanché sur les circonstances du drame. On sait que l'octogénaire, un ancien immigré sans enfant, avait une retraite assez rondelette. Elle lui permettait de vivre très à l'aise. Il est marié avec une femme de 20 ans sa cadette avant que le drame ne survienne alors qu'il accomplissait la prière du dhor. Ce qui explique sa surprise de voir les deux jeunes faire intrusion chez lui, l'un l'a agrippé au cou et l'autre aux poignets pour, sous la menace de leur arme blanche, l'entraîner à l'intérieur d'une des pièces. On sait aussi que pour commettre leur méfait, les deux délinquants avaient consommé des psychotropes sous la forme de «Rivotri » bien connue chez les drogués sous l'appellation de «Mme courage». Selon les déclarations faites à la barre du tribunal, c'est sous l'effet de ce type de cachet et la pression de la nièce du vieux couple qu'ils s'étaient visiblement décidés à détrousser le malheureux émigré. Ce dernier qui venait de percevoir sa pension et avait beaucoup d'argent en monnaie nationale et en devises, intéressait manifestement les deux malfrats. L'octogénaire s'est-il défendu ? Toujours est-il qu'il y a eu du remue-ménage dans l'habitation et qu'au cours de la scène, l'un des jeunes a sorti un couteau pour porter plusieurs coups à la victime. Notamment trois coups qui ont atteint le retraité à la main, à l'épaule et au dos. Ce qui aurait pu lui être fatal. Les appels au secours qu'il a réussi à donner ont obligé ses deux assaillants à prendre la fuite sans avoir mis la main sur le trésor ciblé, abandonnant à son sort le malheureux qui se vidait de son sang. Il aurait pu y laisser la vie n'était-ce l'intervention des voisins. Alertés, les éléments de la police judiciaire de Sidi Amar ont pu reconstituer le cheminement de l'affaire via les communications téléphoniques enregistrées sur le portable de la jeune femme. Et par la même occasion, identifier le cerveau de cette affaire. Cela leur a permis de remonter d'abord jusqu'aux deux criminels avant d'atteindre la nièce des victimes et complice des 2 assaillants. Ils ont comparu tous les trois ce dernier dimanche par devant le tribunal criminel de Annaba que préside Brahim Mamène. L'expérience de ce magistrat et son art basé sur une méthode pédagogique pour faire parler les accusés à la barre sont notoires. Ils lui ont servi une nouvelle fois face aux trois accusés dont la femme divorcée mère de trois enfants en bas âge. En fonction des éléments recueillis par les enquêteurs, le chef d'inculpation aurait pu évoluer vers la tentative d'assassinat avec préméditation dans le but de faciliter le vol. Mais ce sont les faits du vol qualifié avec violence, association de malfaiteurs et violation de domicile qu'a retenus la chambre d'accusation pour prononcer le renvoi de l'affaire vers le tribunal criminel où le trio d'accusés risquait la réclusion à perpétuité. Toutes ces données ont été passées en revue par le président du tribunal à l'écoute de l'arrêt de renvoi et des déclarations des 3 mis en cause appelés successivement à s'expliquer à la barre. Chacun a tenté d'atténuer autant que faire se peut les accusations portées à son encontre. Et si les deux jeunes délinquants ont avoué tout en appelant le tribunal à l'indulgence à leur égard, il en sera autrement pour la femme complice. A écouter les propos tenus à la barre par le couple victime de la tentative de ce que la partie civile et l'accusation ont qualifié de tentative d'assassinat avec préméditation, sa stratégie de défense était vouée à l'échec. Elle n'avait pas hésité à accuser sa tante d'avoir eu un comportement immoral. D'autant que le vieux retraité comme sa femme sont connus par le voisinage comme étant un homme et une femme souriants et sympathiques. Deux vieilles personnes sans histoire qui ont peut-être eu le tort de tendre la main à une jeune femme, parente de surcroît, dans le besoin. C'est ce qu'a mis en relief le représentant du ministère public qui, après un long réquisitoire, a appelé le tribunal à prononcer 15 années de prison ferme et 1 million de DA d'amende à l'encontre de chacun des 3 accusés. Pour la défense de leurs mandants, les avocats des 2 jeunes malfrats ont préféré faire appel à l'indulgence du tribunal. Ce qui n'a pas été le cas pour celui de la femme complice qui a tenté de réduire à néant l'accusation de cerveau de l'affaire imputée à sa cliente qu'il a voulu faire passer beaucoup plus pour une victime. Le jugement a été mis en délibéré.