Existe-t-il encore des êtres humains qui, froidement et à trois, assassinent un autre être humain contre lequel, ils n'ont rien à lui reprocher ? La question mérite d'être posée car, la victime âgée d'une cinquantaine d'année, mariée et père de famille ne connaissait presque pas ces criminels si ce n'est lors d'une prétendue transaction commerciale. Horrible, atroce, insupportable, inhumain, sauvage, bestial, tous les qualificatifs connus ne pourraient pas donner l'image de ce qu'a subi Tibet Abdelawaheb la trentaine, marié père de famille. Les trois criminels notamment Amar Soualem Hichem 30 ans et Guemari Abdelhak dit Azzou 29 ans ont d'abord torturé à l'aide d'un poignard leur victime en lui assenant plusieurs coups à la poitrine, au coup et au visage. Puis, alors que le malheureux appelait à la pitié, ils tentèrent de l'étrangler à l'aide qu'ils avaient pris le soin d'acheter tout autant que le poignard. Ces quelques passages de l'arrêt de renvoi lus par le greffier du tribunal criminel de Annaba étaient véritablement horribles et d'une atrocité inégalée. Sa longue expérience aidant, le président du tribunal Brahim Mamène paraissait insensible. Il ne broncha pas une seule fois même lorsque les mis en cause révélèrent qu'ils avaient tué pour 50 000 DA que leur victime portait sur elle. Le président du tribunal était pleinement concentré sur la narration des faits qui devaient l'aider à rendre la justice. Il écoutait avec grande attention les 3 accusés qui, un à un, se succédaient à la barre pour donner leur version des faits. «Il a pris la femme que j'aimais. J'ai décidé de le tuer», dira Amar Soualem Hichem. Celui qui avait entamé les sévices sur la victime a avoué qu'il en voulait à l'argent que cette dernière portait sur lui. Et qu'il s'était mis d'accord avec Hichem pour le prendre en contrepartie de son aide à le tuer. On entendit un sanglot, puis un autre. Il s'agit des membres de la famille de la victime. Ne pouvant plus endurer ce qui paraissait être un supplice pour tous, bon nombre préfèrent sortir. Dans la salle d'audience où s'était ouverte, hier, la session du tribunal criminel de Annaba, l'émotion était à son comble. Tant et si bien que l'on a enregistré des évanouissements de quelques femmes présentes dans cette salle d'audience. Assis la tête basse, les accusés paraissaient revivre les séquences de leur ignoble acte. Des hommes n'avaient pas pu retenir leurs larmes à l'écoute de tant d'atrocités endurées par la victime. C'est que Amar Soualem Hichem et Guemari Abdelhak dit Azzou s'étaient surpassés devant leur complice Messaoudi Fares dit El Mouzi. Ce dernier qui n'ignorait pas ce qui se passait, n'avait pas réagi. Appelés à la barre, chacun des accusés réitéra les aveux qu'ils avaient exprimés lors de leur interrogatoire par les gendarmes, par le procureur de la République et le juge d'instruction. Seul le complice tenta de minimiser sa participation en affirmant qu'il n'avait fait que transporter dans sa voiture les 2 assassins et la victime et qu'il ignorait ce qui se tramait. Selon lui, il pensait qu'il allait assister à une transaction commerciale portant sur la cession d'une voiture à la victime. En fait, les deux assassins qui avaient prémédité leur crime, en voulait à la somme d'argent que le malheureux Tlibet Abdelwaheb portait sur lui dans la perspective de l'acquisition du véhicule dont devait prendre possession quelque part au lieudit Merouana dans la commune de Chorfa à une trentaine du chef-lieu de wilaya Annaba. C'était véritablement insoutenable d'autant que le président Mamène laissait les 3 criminels parler à leur aise. Et le feront en le regardant droit dans les yeux comme s'ils ne regrettaient pas le crime abject qu'ils avaient commis. Le réquisitoire du président public a été clair. Basé sur les faits, rien que les faits et sur les aveux des accusés, il n'a pas mis longtemps pour requérir la peine capitale à leur encontre. Dans leur plaidoirie, les avocats de la défense tentèrent d'amener les membres du tribunal à retenir à l'encontre de leurs clients, le crime passionnel et la complicité. Rien n'y fit. Les 5 membres du tribunal étaient convaincus que le 15 septembre 2012, les 3 accusés, à un degré moindre Messaoudi Fares, avait bel et bien prémédité leur crime, que pour se faire, ils s'étaient constitués en bande organisée et qu'ils avaient torturé la victime.