Dans une conférence de presse animée par des avocats du défunt joueur Ebossé, un spécialiste en anatomo-pathologie, qui a mené une contre-autopsie au Cameroun, est intervenu. «Il est mort d'une agression brutale, a assuré le médecin le 13 décembre, lors de cette conférence de presse. Le cerveau d'Albert Ebossé était congestif (il y avait une accumulation anormale de sang, ndlr). (...) Il y avait un oedème provenant d'un coup porté directement sur la zone antérieure gauche de son cerveau». Le médecin affirme également avoir décelé une luxation et une fracture sur l'épaule gauche. Le tout indiquant qu'Albert Ebossé aurait été violemment immobilisé au-moment du drame. «Son cerveau montre qu'il a reçu un coup direct, explique-t-il. Ebossé est venu avec du liquide sortant de ses oreilles et de ses narines. Il a subi un traumatisme au niveau des os de la base du crâne». André Mouné ajoute : «La dernière lésion concerne son cou avec une forme d'hyper laxité (élasticité excessive, ndlr). Si vous touchez son cou, ça balance (...) Ses vertèbres avaient été fracturées.» En tout, pas moins de cinq lésions auraient été découvertes sur la dépouille. Un «poly-traumatisme» qui contredit la version des autorités algériennes. Celles-ci ont toujours assuré qu'Albert Ebossé avait reçu un projectile lourd et tranchant sur la tête, avant de rentrer dans le tunnel menant aux vestiaires du stade de Tizi Ouzou, c'est du moins ce que rapportaient Radio France International au terme de la conférence de presse. Du coup les experts s'interrogent sur la signification que l'on veut donner à cette rencontre avec les médias. Deux choses importantes : remettre en cause les conclusions de l'autopsie des médecins légistes algériens de l'hôpital Nedir Mohammed de Tizi Ouzou, ensuite dénoncer le niveau de culture de communication des autorités algériennes. RFI voulant savoir un peu plus sur ce qui s'est réellement passé, a sollicité le président de la JSK Mohand Chérif Hannachi. Dans ses différentes réponses, le président du club a mis en valeur la richesse intellectuelle de ce joueur et l'amour qu'il portait a son club. «C'était un grand monsieur, non seulement un joueur mais aussi une sacrée référence au sein du club. Il était aimé de tous. C'était quelqu'un qui respectait tout le monde. Pour Chérif Hannachi, son comportement et son éducation faisaient le tour des stades. En deux mots : «Je pense que le peuple algérien aimait Ebossé. Dès qu'il est mort, on en a été malades» (...) Il m'appelait ‘‘papa'' depuis qu'il était arrivé à Tizi Ouzou. Il fut le meilleur buteur du championnat algérien». Sa mort était un cauchemar pour tous les sportifs. Il était le guide du groupe, le principal animateur, il a laissé d'excellents souvenirs qui sont impérissables... C'était vraiment quelqu'un de correct. Il n'avait aucun problème avec qui que ce soit. A la fin de chaque rencontre, il lançait son maillot aux supporters... C'était quelqu'un de très intelligent. Lorsqu'il accordait des interviews, il faisait vraiment honneur à la JSK. C'était vraiment un gentleman. L'autre question qui fait mal pour Hannachi était celle de savoir que le rapport du Cameroun est en contradiction avec celui de Tizi Ouzou. «Le rapport des médecins camerounais dit qu'Albert Ebossé a eu les cervicales brisées... (Il coupe) Non, non, non ! Je ne pense pas qu'ils aient refait l'autopsie. Elle a été faite à Tizi Ouzou (par un organisme), en Algérie, qu'on respecte beaucoup. Ce n'était pas bien de refaire l'autopsie parce que ça traduit un manque de confiance. L'Etat algérien a fait une autopsie le plus normalement du monde et a donné un peu d'argent. Nous, on doit continuer à verser les salaires (du défunt à sa famille, ndlr). Je pense que ce n'est pas bien ce qu'ils (l'avocat de la famille d'Albert Ebossé et le médecin mandaté, ndlr) ont dit (lors d'une conférence de presse)». La question qui l'a secoué un peu plus est celle relative à la thèse selon laquelle Albert Ebossé aurait été passé à tabac en rentrant aux vestiaires. «Il n'est pas rentré aux vestiaires ! Il est tombé juste au niveau du tunnel. (...) Le service de sécurité était dans le tunnel. Je ne pense pas que le service de sécurité ait pu tabasser Albert Ebossé alors que les agents l'aimaient. Il était ami avec tout le monde, y compris avec la police. Tout le monde l'adorait ! C'est impossible qu'il se soit passé des choses comme ça». Enfin, il devait rassurait la famille d'Albert Ebossé que celui-ci va recevoir une compensation financière de la part de la JS Kabylie. «J'en ai discuté avec son père et avec le manager d'Ebossé. J'ai dit que le père devait faire une désignation pour que quelqu'un passe chez un notaire, puis récupère l'argent au consulat d'Algérie. (...) Il paraît qu'Ebossé a une petite fille. On voudrait connaître ses héritiers. (...) On a discuté avec le manager plus de vingt fois, mais il n'a rien fait», a-t-il ajouté. H. Hichem