Contrairement aux autres pays du monde, les fêtes de fin d'année n'ont pas été célébrées en Algérie. Les Algériens ont préféré se claustrer chez eux et se sont contentés de suivre les festivités marquant le nouvel an dans le monde entier à travers les écrans de télévision. Les repas gastronomiques organisés dans les années écoulées ont disparu des hôtels et des restaurants que ce soit de la capitale ou dans les grandes villes. Les propriétaires de ces lieux ont indiqué qu'ils n'avaient pas de demandes suffisantes pour préparer de telles soirées. Ces derniers ont indiqué que dans les précédentes années, ils avaient affiché complet 15 jours avant les fêtes de fin d'année. Ce n'est pas le cas pour certains propriétaires d'hôtels et de restaurants qui ont fait savoir qu'ils avaient renoncé à organiser ces soirées, consécutivement à des menaces. Ces deniers, qui ont voulu garder l'anonymat, ont expliqué que des groupes d'islamistes issus du courant salafiste ont mis en garde contre l'organisation de ces festivités. Certains propriétaires des lieux habitués dans l'organisation des fêtes ont indiqué qu'ils avaient évité des problèmes avec les services de police et de gendarmerie liés aux boissons alcoolisées et aux personnes non mariées qualifiées de «couples Illégitimes», ont-ils fait savoir. En dehors des menaces, les Algériens ont refusé d'organiser les fêtes du nouvel an dans leurs foyers, indiquant que ces genres d'événements ne sont pas compatibles avec les valeurs de l'islam. La majorité des Algériens avec qui nous nous sommes entretenus ont indiqué qu'ils n'ont pas célébré les fêtes de fin d'année expliquant que l'islam ne le permet pas. Toujours et selon nos interlocuteurs, toute personne de confession musulmane qui célèbre la fête de Noël ou le nouvel sera considéré comme «mourtade» apostat. Nous avons fêté le Mawlid Ennabaoui, l'anniversaire de notre prophète Mohammed (QSSSL) mais pas les autres fêtes de fin d'année, ont-ils ajouté. Oui, mais Aïssa (Jésus) (Qssl) est également un prophète, pourquoi vous refusez de célébrer sa naissance ? En réponse à notre question, la majorité trouve qu'Aïssa est un «Rassoul» envoyé de Dieu mais refuse de célébrer son anniversaire, indiquant qu'il n'est pas le prophète des musulmans. Certains donnent des réponses sous un angle d'intégrisme et de chauvinisme. A ce sujet, ils disent : «Pourquoi les chrétiens ne reconnaissent pas notre prophète Mohammed (QSSSL) et ne fêtent pas l'anniversaire de sa naissance». Ce n'est pas le cas des salafistes qui trouvent que la célébration de ces fêtes est une «Bida» invention. Il faudrait s'abstenir d'organiser ces fêtes qui n'ont rien de religieux du fait qu'elles ne sont pas évoquées dans le Coran, disent-ils. Pourtant, l'islam n'est pas la propriété exclusive de l'Algérie ou des Algériens. La majorité des autres pays musulmans que ce soit de la région ou dans le monde ont célébré les fêtes de fin d'année, hormis l'Algérie. La montée de l'intégrisme et du fondamentalisme n'est pas seulement rassurant mais inquiétant surtout lorsqu'on sait que ces deux facteurs ont été à l'origine de la tragédie qu'a vécue le pays dans les années 1990.