L'Algérie veut éviter «tout recours à des ressources financières extérieures en cas d'étalement dans le temps, de cette séquence baissière des prix des hydrocarbures», a fait savoir le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans l'interview qu'il a accordée, hier, à l'APS et dans laquelle il est revenu notamment sur les décisions du conseil restreint consacré à l'évolution des marchés pétroliers et son impact sur l'économie algérienne. Ce souci de ne pas retomber dans la spirale infernale de l'endettement inspire la démarche adoptée par le gouvernement pour réaliser les objectifs du prochain plan quinquennal 2015-2019. C'est une «démarche préventive et prudentielle qui pérennisera la solidité de l'économie nationale», explique le Premier ministre, car, pour lui, il ne s'agit pas de ralentir le rythme du développement socio-économique. En 2015, annonce-t-il, l'objectif visé est de réaliser une croissance annuelle de 7% et maintenir la baisse du taux de chômage passé de 29,8% en l'an 2000, à 9,8% en 2014. Dans ce but, ajoute-t-il, l'Algérie va accélérer la transformation et la diversification de son économie en s'appuyant sur un outil de planification (le quinquennal 2015-2019 en lancement) et sur un cadre de concertation et de dialogue (le pacte national économique et social pour la croissance signé avec le patronat et les partenaires sociaux, en février 2014 et enregistré au niveau de l'Organisation internationale du travail), sur fond de consolidation des indicateurs macro-économiques, notamment en matière de dette et de réserves de change, ce qui donne aujourd'hui, à notre pays, une marge de manœuvre économique appréciable. Pour cela, «on doit tous se mobiliser, faire cesser la gabegie et croire en notre destin». Abdelmalek Sellal est optimiste : «Notre pays a des capacités formidables : la vitalité de son économie, la jeunesse de sa population et la crédibilité et la constance de position de ses gouvernants, doivent conduire l'Algérie naturellement, à être un pays émergent et un acteur international sur lequel ont doit compter.» Le gouvernement, fait-il observer, a évalué les impacts des fluctuations des prix des hydrocarbures sur les marchés mondiaux et a élaboré «des scénarios budgétaires permettant la poursuite du développement économique du pays et le maintien de l'effort de l'Etat dans les secteurs importants». La réunion restreinte du 23 décembre 2014 présidée par le chef de l'Etat, a permis, a-t-il rappelé, de prendre des mesures précises de réajustement qui devront connaître une mise en œuvre diligente pour «la réalisation du programme quinquennal d'investissements, la rationalisation de la dépense publique, la maîtrise du commerce extérieur et des flux de capitaux ainsi que la dynamisation et le développement des secteurs de l'industrie, de la pétrochimie, de l'agriculture, du tourisme et des nouvelles technologies de l'information et de la communication». Il a tenu à préciser que ces orientations étaient engagées bien avant les replis du marché mondial des hydrocarbures. Il n'est pas question de toucher à l'action sociale de l'Etat. Il confirme que « les programmes «dans les domaines du logement, de la santé, de l'éducation, des services de l'eau et de l'énergie et de tout ce qui concoure au bien être des citoyennes et des citoyens», sont maintenus. Ainsi, il assure également, à propos de la suspension des recrutements de la fonction publique, que ce sera dans certains domaines non prioritaires, précise-t-il, mais la mesure ne concernera pas «des secteurs socioéconomiques importants comme l'éducation, l'enseignement supérieur, la formation professionnelle et la santé, où il est prévu, au contraire un renforcement de l'encadrement». Il a, dans ce sens, dit-il, adressé une instruction aux membres du gouvernement et aux walis sur cette question. De même pour l'emploi et la jeunesse, ils restent des axes prioritaires de l'action des pouvoirs publics, a affirmé Abdelmalek Sellal. Les différents mécanismes et dispositifs d'aide à l'emploi et à la création d'activités par les jeunes promoteurs sont maintenus, car ils donnent d'excellents résultats», a tenu à souligner le Premier ministre. Il a noté que les dispositifs Ansej, Cnac et Angem ont enregistré, par rapport à 2013, des «progressions» de 17% du nombre de dossiers financés, de 51% des montants de crédits bancaires accordés et de 20% en terme de création d'emplois (262 194 contre 153 165). Quant à l'entreprise nationale, publique et privée, «elle continuera à bénéficier du soutien de l'Etat par les mesures de facilitation de l'acte d'investissement, d'incitation fiscale, d'amélioration de l'offre foncière et de financement des projets où nous travaillerons à la promotion du marché national des capitaux et à l'encouragement des crédits à l'économie qui ont progressé significativement en 2014 notamment en faveur du secteur privé». Enfin, à propos des événements qu'ont connus la région arabe et le Sahel, il fait remarquer qu'ils ont confirmé la pertinence des positions de l'Algérie. Il le rappelle en deux phrases : «La paix et la stabilité constituent le socle indispensable de toute avancée démocratique ou développement socioéconomique» et «seule la volonté souveraine et indépendante des peuples, peut engendrer le progrès et la paix dans le monde». Les vertus des processus politiques pacifiques sont attestées par le bon déroulement des élections présidentielles en Tunisie, fait-il remarquer. Enfin, le Premier ministre rappelle la position de principe intangible de l'Algérie concernant le soutien apporté à tous les processus politiques de dialogue inclusif et de réconciliation engagés par les pays amis et voisins «dans le respect de la légalité internationale, du principe de non ingérence et l'intégrité territoriale de ces pays».