Comme on s'y attendait, des milliers de citoyens dont la plupart des militants et des sympathisants de l'ex-FIS, ont manifesté dans les rues d'Alger et dans certaines autres villes d'Algérie. Invoquant les nouvelles caricatures publiées par le journal satirique Français, « Charlie Hebdo», ces derniers ont profité pour «régler leurs comptes» avec les institutions de l'Etat plus principalement avec les forces de l'ordre. Durant toute la semaine, plusieurs médias lourd et écrit avaient gonflés à bloc les citoyens, les appelant à sortir dans la rue pour «venger» selon eux le prophète. C'est le même cas à travers les réseaux sociaux proches des milieux islamistes qui ont incité les citoyens à manifester vendredi à la sortie des mosquées. Le vice-président de l'ex-Front islamique du salut (FIS) dissous a annulé son habituel prêche qui devait se tenir dans la mosquée «Al Wafa Bil Ahd» à Kouba. Bien renseigné à ce sujet, les forces de police ont procédé à son interpellation alors qu'il sortait de son domicile pour rejoindre une autre mosquée à Belcourt. Ali Belhadj devait prendre la tête de la manifestation qui devrait débuter à partir de cette mosquée, à la fin de la grande prière du vendredi. Cet état de fait n'a pas empêché les milliers d'islamistes dont la plupart sont des militants de l'ex- Front islamique et des autres mouvements islamistes. Plusieurs militants et sympathisants du mouvement de la société pour la paix (MSP), d'Ennahda et des salafistes ont participé à cette manifestation. Quelques minutes seulement après le début de la marche, des slogans hostiles aux gouvernements et des débordements ont été signalés dans plusieurs endroits. Les forces de sécurité qui suivaient les événements de près ont été contraintes d'intervenir pour rétablir l'ordre. Cette action n'a pas plu aux manifestants qui n'ont pas trouvé autre que de jeter des projectiles sur les forces de l'ordre. Plusieurs édifices publics ont été pris pour cible alors qu'une agence d'Air Algérie se trouvant sur la rue Zirout Youcef a été complétement saccagée. Les manifestants se sont divisés et voulaient atteindre certaines représentations diplomatiques alors que d'autres ont tenté d'atteindre la présidence de la République et le siège de l'Assemblée nationale. Les forces de sécurité recevant des grosses pierres répliquent par des bombes lacrymogènes et par des camions à jets d'eau. Certains manifestants se replient et crient: «La police tire à l'aide des balles en caoutchouc». Plusieurs slogans faisant l'apologie du terrorisme ont été scandés par les manifestants. Parmi ces slogans, nous pouvons citer ceux de l'ex-Front islamique et surtout «Nous voulons une daoula islamiya, un Etat islamique.» Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs a appelé les imams à consacrer le prêche du vendredi 16 janvier, au prophète Mohammed (QSSSL) en mettant en avant sa noblesse et sa loyauté, «reflet de la perfection humaine dans sa plus belle conception». «Aussi, ce prêche doit-il rappeler un ensemble de valeurs et de principes et préciser que rien ne saurait justifier une atteinte à notre créateur, ni à la meilleure de Ses créatures, Mohammed (QSSSL)» a précisé le communiqué. «Les actes terroristes ayant ciblés certains sites en Occident n'ont pour origine aucun fondement, ni dans la charia ni au niveau d'aucune institution musulmane, voilà le message à adresser lors du prêche de ce vendredi qui devrait également rappeler que le terrorisme n'a ni religion ni race. Pourquoi faut-il que l'islam assume seul la responsabilité de ce qui s'est passé ?» ajoute le communiqué. Il a souligné l'impératif pour les imams de «ne pas attiser les sensibilités» et d'appeler à la retenue et à la sagesse car «une telle provocation tendancieuse vise à susciter des réactions irraisonnées qui viendraient s'ajouter aux actes terroristes perpétrés récemment et imputés injustement à l'islam». Au moment où nous mettons sous presse, la situation demeure tendue, des affrontements opposent toujours les forces de police aux manifestants. La sécurité a été également renforcée autour des édifices publics, les représentations diplomatiques et les sites stratégiques. Nous y reviendrons.