Les manifestants contre le gaz de schiste ont fermé, mardi, la route menant au site de Hassi Moumène, un champ gazier conventionnel, pendant près de quatre heures pour protester contre les déclarations du PDG de Sonatrach, a-t-on appris auprès de Abdelkader Bouhafs, l'un des représentants de la société civile. «Sonatrach est une entreprise citoyenne qui ne mènera jamais une activité qui puisse nuire à la santé des citoyens ou à l'environnement», a déclaré le PDG de Sonatrach, Saïd Sahnoun, dimanche, lors d'une conférence de presse sur le thème du gaz de schiste. Cette tentative de la part de Sahnoun pour calmer les esprits, n'a pas marché. C'est la raison pour laquelle, des manifestants ont bloqué, dans la nuit de lundi à mardi, la route menant au forage-test de gaz de schiste, objet des protestations qui durent depuis le 1er janvier. «Cette route était encore fermée aujourd'hui. Une délégation de l'ENTP (Entreprise nationale des travaux de puits) n'a pas pu se rendre sur place», affirme M. Bouhafs. Il a souligné qu'ils vont «occuper le site pour empêcher la fracturation hydraulique». Dans le même contexte, l'Instance de coordination et de suivi de l'opposition (ICSO) se prépare aux manifestations du 24 février contre le gaz de schiste, prévues dans plusieurs wilayas. Une réunion s'est tenue, ce mardi 10 février, entre les représentants des partis et personnalités membres de l'ICSO. «Des commissions de coordination seront installées dans les différentes wilayas pour l'organisation des rassemblements», a précisé Mohamed Hadibi, cadre d'Ennahdha. «À Alger, le rassemblement pourrait se tenir à la Grande-poste ou à la Place du 1er Mai », a expliqué la même source. « Non au gaz de schiste» et « Solidarité avec les habitants du Sud» seront les principaux slogans de «ces manifestations qui seront placées sous le signe de l'unité nationale qui est en danger», selon Bouhafs. Un appel devrait être également lancé aux associations, syndicats et comités de quartiers «pour organiser des manifestations le 24 février», dira-t-il. Avant les manifestations du 24 février qui coïncide avec l'anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, la Coordination nationale pour les libertés et la transition démocratique devrait tenir une conférence thématique autour des «conditions d'une élection transparente». Elle est prévue le 14 février à l'hôtel Safir (ex-Aletti) si la wilaya l'autorise. Autrefois, lors de la conférence sur le thème du gaz de schiste, animée dimanche, par le PDG de Sonatrach, ce dernier avait expliqué que toute l'industrie des hydrocarbures présente des effets secondaires, mais Sonatrach «observe plus de rigueur quand il s'agit des forages non conventionnels». Il avait aussi insisté sur le fait que ces forages permettront d'évaluer le potentiel du schiste en Algérie et de connaître les paramètres d'exploitation de cette ressource non conventionnelle. Pour cette raison, les puits-pilotes devraient permettre à la compagnie nationale des hydrocarbures de connaître la faisabilité technique et commerciale du projet. Par ailleurs, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, lors de son intervention au Conseil restreint consacré au développement local dans les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux, a évoqué «les incompréhensions et les inquiétudes suscitées par les essais préliminaires opérés dans le domaine du gaz de schiste». Pour le chef de l'Etat, «si l'exploitation de ces nouvelles ressources nationales en hydrocarbures s'avère une nécessité pour la sécurité énergétique du pays à moyen et long termes, le gouvernement devra alors, veiller avec fermeté au respect de la législation par les opérateurs concernés, pour la protection de la santé de la population et la préservation de l'environnement». En outre, il a chargé le gouvernement d'initier des «débats transparents», avec la participation de compétences reconnues, pour permettre à chacun de mieux comprendre les données relatives aux hydrocarbures non conventionnels qui sont «une réalité et une richesse nouvelle de notre pays». Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a également assuré, il y a quelques jours, que le gouvernement n'envisageait pas d'entamer l'exploitation du gaz de schiste, mais qu'il s'agissait seulement d'une phase d'étude et d'exploration.