Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a appelé à Washington à lutter contre l'extrémisme violent dans le monde via une approche globale et multidimensionnelle. «Ne nous y trompons pas : l'émergence d'une nouvelle génération de groupes terroristes transnationaux, y compris Daech (Organisation autoproclamée Etat islamique) et Boko Haram, est une grave menace pour la paix et la sécurité internationales», a déclaré Ban Ki-moon dans une série de remarques prononcées à l'occasion du sommet sur la lutte contre l'extrémisme violent qui a pris fin jeudi soir à Washington et organisé par le gouvernement américain. «Ces extrémistes poursuivent une stratégie délibérément conçue pour choquer par l'horreur, en utilisant des décapitations, des immolations et des "snuff movies" pour polariser, terroriser, provoquer et nous diviser», a ajouté M. Ban, en présence notamment du secrétaire d'Etat américain John Kerry. Il a précisé que si les victimes de tels actes sont dans l'ensemble très diverses, la grande majorité d'entre elles sont des musulmans. «Les femmes et les filles sont soumises aux abus les plus effroyables et systématiques : le viol, l'enlèvement, le mariage forcé, l'esclavage sexuel et d'autres horreurs indicibles», a déploré M. Ban, soulignant qu'aucune cause, quelle qu'elle soit, ne saurait justifier de tels crimes. Le secrétaire général a annoncé que le système des Nations unies était prêt à travailler à l'élaboration d'un «plan d'action multipartite et global» pour mettre fin à l'extrémisme violent, plan qui sera présenté à l'ensemble des Etats membres de l'Assemblée générale de l'ONU dans le courant de l'année. Il a dans ce cens défini quatre impératifs devant guider les efforts communs pour lutter contre ce fléau : s'attaquer aux racines de l'extrémisme violent et rechercher les motivations de ses auteurs, inscrire la lutte contre l'extrémisme dans une dynamique de promotion des droits de l'Homme, concevoir collectivement une stratégie globale, à l'échelle mondiale, et adopter une approche multidimensionnelle. «Les missiles peuvent tuer les terroristes. Mais la bonne gouvernance tue le terrorisme», a déclaré le secrétaire général pour illustrer son dernier point. Des représentants de soixante pays, dont l'Algérie, ont participé au sommet contre l'extrémisme violent, mercredi et jeudi à Washington, pour tenter d'apporter des réponses autres que militaires, pour lutter contre ce fléau devenu une menace pour la stabilité de plusieurs pays. Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines Abdelkader Messahel a mis en évidence au cours de cette rencontre l'engagement de l'Algérie à lutter contre l'extrémisme radical, par son expérience dans le domaine de la lutte contre le terrorisme notamment les actions de déradicalisation. L'Algérie a même proposé jeudi à Washington d'accueillir un atelier sur la déradicalisation, comme prolongement aux travaux de la conférence internationale sur l'extrémisme violent. Pour sa part, le président américain Barack Obama a exhorté les gouvernements alliés à rester «inébranlables dans le combat contre des organisations terroristes». Mais, a-t-il prévenu, cette lutte «n'a rien à voir avec le fait d'être juif, chrétien ou musulman: sommes tous dans le même bateau et nous devons nous épauler pour sortir de cette crise». Le chef de la diplomatie américaine John Kerry a préféré inscrire la lutte contre le terrorisme, dans le cours de l'histoire contemporaine : «Le XXe siècle s'est défini par la lutte contre la grande dépression économique, l'esclavage, le fascisme et le totalitarisme. C'est maintenant à notre tour (...) On nous demande aujourd'hui de mener une nouvelle guerre contre un nouvel ennemi», s'est-il exclamé, parlant du «combat fondamental de notre génération». Pour son homologue jordanien, Nasser Judeh, il s'agit même de la «troisième guerre mondiale (...) notre guerre en tant que musulmans (...) notre guerre collective en tant que communauté internationale».Le ministre de l'Intérieur français, Bernard Cazeneuve, a réaffirmé que «plus de 400 jeunes Français sont aujourd'hui présents dans la zone irako-syrienne» et que «près de 1 400 Français sont impliqués, d'une façon ou d'une autre, dans les filières combattantes».