Les forces irakiennes sont reparties jeudi à l'assaut de Tikrit pour déloger les jihadistes du groupe Etat islamique (EI), fortes du soutien aérien fraîchement apporté par la coalition internationale menée par les Etats-Unis. Washington a mené depuis mercredi un total de 17 raids aériens sur cette ville située à 160 km au nord de Baghdad et la France en a effectué un, selon les commandements militaires des deux pays. La coalition antijihadistes n'était encore jamais intervenue à Tikrit depuis le début de l'offensive le 2 mars. Les Etats-Unis ont longtemps exprimé leurs réticences à intervenir, en raison notamment du soutien actif de l'Iran aux milices chiites engagées dans la bataille. Mais la donne a changé mercredi lorsque le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a réclamé des frappes. Fortes de ce soutien aérien, les forces irakiennes ont relancé jeudi leur offensive terrestre, suspendue la semaine dernière en raison des nombreux engins explosifs disséminés par les djihadistes retranchés dans la ville. Mais l'offensive au sol, présentée comme la plus massive depuis que l'EI s'est emparé de vastes pans du territoire en juin 2014, se fera désormais sans les milices chiites, a affirmé le commandant des forces américaines au Moyen-Orient (Centcom), le général Lloyd Austin, selon lequel elles se sont «retirées» de la zone. Des sources au sein des milices chiites ont assuré de leur côté jeudi soir que leur chefs étaient en train de se réunir pour décider de la conduite à tenir. Des responsables de milices chiites ont accusé les Etats-Unis et la coalition de vouloir «voler la victoire» à Tikrit alors que leurs forces, équipées et conseillées par Téhéran, ont selon eux accompli la tâche la plus difficile jusqu'à présent dans la bataille. Les miliciens chiites avaient à plusieurs reprises assuré ne pas avoir besoin du soutien de la coalition qui frappe depuis neuf mois les positions de l'EI en Irak. Lors d'une audition à Washington, le général Austin a indiqué que les Etats-Unis avaient posé une «condition préalable» à l'implication de la coalition à Tikrit: «le gouvernement irakien devait être en charge de l'opération». Or selon lui, l'offensive sur Tikrit a piétiné parce qu'il y avait une «mauvaise approche» à son début, avec des forces «non contrôlées par le gouvernement irakien», probable référence à des milices chiites. La bataille est maintenant menée par environ 4 000 membres des forces spéciales et de la police irakienne, selon le général Austin.