Après plusieurs semaines de tractations (alors que le pays est à feu et à sang) le Premier ministre irakien, Haidar al-Abadi, a pu enfin compléter son cabinet Le gouvernement irakien était au complet hier, suite aux nominations des ministres de l'Intérieur et de la Défense, deux portefeuilles-clés pour lutter contre l'organisation de l'Etat islamique. Répartissant ces deux portefeuilles-clés essentiels pour lutter contre Da'esh qui s'est emparé de larges pans de territoire en Irak et tenter d'enrayer la vague d'attentats meurtriers, le Parlement a approuvé samedi soir la nomination de Khaled al-Obaidi et de Mohammed al-Ghabbane. Khaled al-Obaidi, 55 ans, membre de la coalition des Forces nationales sunnites, a été désigné ministre de la Défense, et Mohammed al-Ghabbane, 53 ans du bloc chiite Badr, ministre de l'Intérieur. Le Parlement a aussi confirmé la nomination d'un vice-Premier ministre et de six autres ministres, dont un ministre d'Etat dans le nouveau gouvernement. Après des semaines de crise politique alimentée par le refus initial de l'ancien Premier ministre Nouri al-Maliki de céder le pouvoir, suivi de difficiles tractations dans un pays miné par les divisions, le Parlement avait approuvé le 8 septembre le gouvernement de Haïdar al-Abadi. Ce dernier avait alors demandé un délai d'une semaine pour pourvoir certains portefeuilles, notamment ceux de la Défense et de l'Intérieur, dont il assurait l'intérim. Mais le Parlement avait rejeté les deux noms proposés au départ. Durant l'intégralité de son second mandat, M. al-Maliki, avait assuré l'intérim de ces deux ministères, ce qui lui avait valu notamment d'être accusé d'accaparer le pouvoir. Il avait aussi été accusé d'avoir contribué à la montée en force de Da'esh dans ce pays majoritairement chiite en menant une politique autoritaire excluant la minorité sunnite. M. Abadi, également chiite, a ainsi été soumis à une pression internationale - notamment de la part de l'allié américain - pour former un gouvernement d'union pouvant réduire les profondes divisions ethniques et religieuses. Les Etats-Unis qui fournissent un soutien aérien militaire essentiel à l'armée irakienne dans son combat contre Da'esh, a exprimé sa grande satisfaction après l'annonce d'un gouvernement au complet, condition indispensable à leurs yeux à la réussite de cette lutte. «Il s'agissait de postes cruciaux à attribuer dans le cadre des efforts contre l'EI», s'est félicité le secrétaire d'Etat John Kerry qui a salué «un pas en avant très positif». «Nous sommes très satisfaits», a-t-il ajouté. Pour le général Lloyd Austin, chef du Commandement militaire américain qui supervise la campagne de frappes en Irak et en Syrie, il a souligné que l'Irak était la «priorité» de Washington et devait «le rester», dans la guerre contre Da'esh. Sur le terrain, les forces irakiennes peinent à reprendre le terrain perdu face aux éléments de Da'esh qui ont enregistré de nouveaux succès dans la province d'Al-Anbar (ouest) contrôlée à plus de 80% par les éléments de cette organisation. Tentant de gagner du terrain, elles ont lancé vendredi plusieurs offensives, dans la région de Tikrit au nord de Baghdad, et dans trois secteurs de Ramadi, dans la province occidentale d'Al-Anbar. La coalition internationale menée par les Etats-Unis continue ses raids aériens contre les éléments de cette organisation en Irak et en Syrie où le groupe armé s'est emparé également de vastes territoires. Toujours pour lutter contre ce groupe, le ministre espagnol de la Défense Pedro Morenes a annoncé samedi à Washington, où il a rencontré son homologue américain Chuck Hagel, que l'Espagne apportera son soutien en Irak où elle enverra 300 militaires à la fin de l'année pour former des troupes irakiennes aux opérations spéciales, au déminage et au maniement d'explosif. «Nous pourrions commencer à la fin de l'année parce que toute cette opération évolue en permanence», a-t-il affirmé aux journalistes, «nous devons adapter notre capacité et notre offre à cette évolution». Les forces américaines pourront également utiliser les bases de Moron et Rota dans le sud de l'Espagne pour le déploiement de ses opérations dans le Nord de l'Irak.