Après le départ de Mohamed Yahiaoui de la direction du Théâtre régional et professionnel de Batna pour rejoindre celle du TNA (Alger), aucune activité ne s'est arrêtée au sein de l'établissement de la capitale des Aurès. Ce théâtre régional a donc su conserver son dynamisme et son rythme, voire son niveau et ses titres de noblesse. Le changement à la tête de la direction du TRB s'est passé en douce voilà quatorze mois et quelques jours. Mme Zohra-Mébarka Tigheza, ex-bras droit de M.Yahiaoui a consacré 26 années à la boîte, chapeautant le département administratif et financier. Elle aura su gérer comme il se doit cet établissement culturel. Sa désignation par le ministère de tutelle à titre de gérante intérimaire du TRBatna, lui a permis de se distinguer par une efficacité inouie. Ce théâtre continue donc son bonhomme de chemin en maintenant intacte sa réputation. Du 20 mars au 4 avril a été organisé «Le printemps du théâtre pour enfants» dans sa sixième édition, coincidant comme toujours avec les vacances scolaires du 2e trimestre. L'attraction de cet événement sur les enfants et les jeunes a été remarquable, et a connu un franc succés. Ce printemps du théâtre pour enfants est devenu au fil des ans une tradition culturelle dont l'établissement ne peut effacer de sa grille de programmes d'activités. Il a son public enfantin, cette génération de l'avenir. Relancer les théâtres scolaires et universitaires A la faveur de ce succès sans cesse répété, d'aucuns recommandent de revifier à Batna la pratique à une large échelle des théâtres scolaires et universitaires dans les établissements de l'enseignement secondaire et universitaire. Ceci d'autant que dans les années 70, le lycée Benboulaïd avait provoqué un grand fracas en activant avec succès dans le régistre du théâtre scolaire. Sa troupe, constituée de lycéens et lycéennes parmi les élèves des classes de terminales, a démontré les bienfaits psychologiques, pédagogiques et artistiques du jumelage de l'enseignement avec la culture. Sous la houlette de Hamida Benoudjit et Kamel Houara, la troupe scolaire du lycée Benboulaid a joué des pièces de choix, laissant derrière des souvenirs impérissables, devenus aujourd'hui nostalgiques. Sur le dos du tigre , la pièce dramaturgique de Kateb Yacine, avait enflammé les lycéens et les lycéennes à l'époque où une culture gauchiste ambiante était de rigueur. Une présentation de la pièce au public d'Arris a été également organisée. Abassourdis par de tels succès énivrants (la folie juvénile aidant), nous avions écrit à l'époque (1972) dans le quotidien régional AN-Nasr de Constantine que « Kateb Yacine a frappé le fer et le fer lui a répondu». Récemment, une bonne nouvelle est venue de la direction générale des œuvres universitaires (Onou-Alger), laquelle a conçu et adopté une véritable stratégie d'animation culturelle et artistique dans les cités universitaires à travers tout le territoire national. Un budget est dégagé pour permettre une efficience des activités à travers la dotation en moyens d'animation des étudiants et étudiantes, aptes à faire éclore leurs talents artistiques. Benghebrit ne devrait-elle pas s'en inspirer pour encourager concrétement la pratique des disciplines artistiques dans les établissements scolaires ? L'expérience fructueuse, tentée ces dernières années à l'université Hadj-Lakhdar de Batna dans le domaine du théâtre sous l'encadrement du comédien-metteur en scène au TRB Lahcène-Chiba, se poursuit encore. Elle a recueilli des échos favorables depuis notamment sa représentation à Annaba en 2012. L'aventure a désormais le vent en poupe et la troupe féminine du théâtre de l'université, guidée par le même Lahcène-Chiba, se produit de temps à autre sur les planches des théâtres des cités universitaires de certaines villes du pays. Adaptation théâtrale d'une œuvre de Tahar Ouettar Pour 2015, Mme Zohra-Mébarka Tigheza nous a informé que le théâtre de Batna a monté deux productions théâtrales dont Mona Lisa - Louiza pour certains – laquelle a décroché à Annaba quatre distinctions. Il s'agit des prix de scénographie, de la musique théâtrale, du meilleur comédien et du meilleur costume. L'autre pièce dramaturgique El-Hattab (le bûcheron) est passée à l'étape de la représentation à travers les salles du territoire national et ce, après la «générale». Une participation également au festival du rire de Médéa était programmée, en l'occurrence deux pièces pour enfants, ce qui honore la participation batnéenne. Ces pièces, devrions-nous faire remarquer, constituent des productions exclusives du TRBatna qui avait auparavant pour habitude de confier ce genre d'activités productives à des associations et/ou coopératives culturelles versées dans l'activité théâtrale. Quant à la participation à la prochaine édition du festival du théâtre professionnel (TNA/Alger), le théâtre de Batna a opté pour une nouvelle pièce à la mise en scène à laquelle le metteur en scène batnéen Faouzi Benbrahim y apportera sa touche professionnelle, lui qui avait décroché le grand prix du festival de la 6e édition du théâtre amazigh (Batna/ décembre 2014). Il est à signaler que le TRBatna a été officiellement sélectionné pour participer activement aux spectacles de «Constantine, capitale de la culture arabe ». La gérante du TRBatna a indiqué que son établissement devra présenter le 26 novembre prochain à Constantine une adaptation théâtrale d'une des œuvres littéraires de Tahar Ouettar. Le TRBatna va bien et carbure comme à son accoutumée. Le remplacement de l'ex-directeur Mohamed Yahiaoui par Mme Zohra-Mébarka Tigheza, même à titre intérimaire, n'a pas été été pressenti. Cette gérante est satisfaite d'avoir porté la gestion de l'établissement sur ses épaules. Elle se réjouit que le talentueux et non moins rebelle Chawki Bouzid (metteur en scène) envisage de créer sa boîte de production audio-visuelle et cinématographique grâce semble-t-il à des incitations des services du ministère de la Culture. Elle reconnaît l'existence d'une pénurie en textes dramaturgiques de bonne facture (niveau, thématique et degré de créativité) et reste toutefois convaincue qu'à Batna, Khaled Bouali demeure incontestablement le vrai dramaturge qui peut beaucoup donner au théâtre national.