Quelle mouche a piqué les autorités mauritaniennes qui ont pris la grave décision de procéder, mercredi dernier, à l'expulsion du premier secrétaire de l'ambassade d'Algérie à Nouakchott ? La réaction algérienne a été annoncée dimanche, la réciproque étant appliquée à l'égard d'un diplomate mauritanien déclaré persona non grata en Algérie et donc expulsé de notre pays. La mesure a été mise en œuvre par l'Algérie dans des conditions se voulant humiliantes pour son voisin. En effet, l'ambassadeur de Mauritanie en Algérie a été reçu, dimanche, au siège du ministère des Affaires étrangères «pendant quatre minutes» pour lui signifier la décision. Les observateurs se sont interrogés sur le relatif long silence de la part des officiels algériens qui n'ont pas informé immédiatement à propos de ce geste de Nouakchott, visiblement hostile et provocateur à l'endroit de notre pays. A moins que les responsables algériens n'aient voulu épuiser d'abord toutes les possibilités offertes par la voie diplomatique pour circonscrire l'incident à des proportions réduites au maximum, voire même, si les usages le permettent, faire revenir les dirigeants mauritaniens sur leur décision. Cela paraissait possible, dans la mesure où ce qui est reproché à notre diplomate, si cela s'avère vrai, a trait à la dénonciation du trafic de stupéfiants qui provient du Maroc. Ce qui n'est ni un secret ni un mensonge : l'ONU, elle-même, a désigné le Maroc comme la principale source du trafic de cannabis dans le monde. La Mauritanie également en souffre si on en croit les informations qui ont fait état récemment d'une plainte de Nouakchott à l'ONU sur ce trafic. Toute la question maintenant est de savoir quelles proportions va prendre l'incident diplomatique. Le geste de Nouakchott suivi par une réaction de même niveau prise à Alger vont-ils déclencher une escalade ou au contraire ira-t-on vers l'apaisement ? Pour le moment, les indications ne sont pas suffisantes pour anticiper sur l'évolution de cette affaire.