« Nous allons signer des conventions», explique Mourad Louadah, membre du Conseil d'orientation stratégique du Forum des chefs d'entreprises (FCE). Surtout, ce nouveau déplacement d'une délégation patronale à l'étranger consacre la prédominance du FCE comme locomotive de la diplomatie économique algérienne. La moitié de la délégation a pris l'avion pour Pékin dimanche. L'autre l'a rejointe hier. Au total, pas moins de 23 patrons membres du FCE se rendent cette semaine en Chine, dans la caravane du Premier ministre, pour une rencontre bilatérale d'une ampleur inédite. Depuis l'élection d'Ali Haddad en novembre, le Forum, super VRP de l'attractivité algérienne, a parcouru des milliers de kilomètres comme le résume cette carte : Paris, Dakar, Londres, Tunis, Dubai, Milan, Genève, Istanbul, Pékin, en attendant les deux prochaines haltes à Doha et Saint Petersburg : le patronat algérien s'est lancé dans ce qui s'apparente à un tour du monde. « Ce sont toujours les mêmes qui partent, persifle un fin connaisseur du FCE. Une petite cinquantaine alors que 450 de nos entreprises sont présentes sur les marchés internationaux. » «En tout cas, cela ressemble beaucoup à ce qu'a fait Abdelaziz Bouteflika la première année de son premier quinquennat», persifle un second. Que cache la diplomatie économique du FCE ? Ali Haddad, à qui fut prêtée l'intention de créer un parti, a formellement démenti toute envie de faire autre chose que des – bonnes – affaires. Et à ceux qui les accusent de parasiter le canal officiel des ambassades, Mohamed Bairi, vice-président, répond qu'«il n'y a pas de bataille de leadership parce que nous travaillons en étroite collaboration. Notre action est complémentaire à celle des Affaires étrangères». Le même assure que le dynamisme du FCE n'a d'autre but que d'aider à la préparation du forum Algérie-Afrique d'octobre prochain, et de «défendre l'entreprise algérienne, qu'elle soit membre ou non du Forum». Un coup d'épée dans l'eau, alors, le tour du monde du FCE ? Là encore, c'est en off que les langues se délient. Début mars, à Tunis, un membre de la délégation se laisse aller aux confidences : «N'étant jamais mieux servi que par soi-même, le patronat n'a d'autre choix que d'aller convaincre un par un d'éventuels partenaires. Evidemment, ça ne peut pas nuire à nos affaires puisque l'idée est d'entrer ensuite dans un partenariat 51/49.» Et de se reprendre : «Mais ça bénéficie à toute l'économie algérienne puisque cela crée des emplois !» C'est dans cette optique, notamment, qu'un délégué du FCE a été nommé à Dubaï le mois dernier. Selon nos informations, un délégué sera installé à Paris début juin.