Hakim Saheb, cadre du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), juriste enseignant à la faculté de droit de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou est revenu, hier samedi, à Mekla, à l'est du chef-lieu de wilaya, sur le projet de réforme de l'Etat ou la refondation nationale telle que préconisée par le parti. «La réorganisation territoriale, la régionalisation et la décentralisation des pouvoirs, la libération des énergies et la responsabilisation des instances locales et régionales sont désormais à l'ordre du jour et constituent des préalables à toute forme de gestion démocratique», a-t-il dit. Il s'exprimait lors d'une conférence-débat organisée à l'occasion du 35e anniversaire du Printemps berbère. Il s'agit pour le RCD de concevoir des institutions de renouveau proches des proximités et des citoyens, a-t-il indiqué faisant observer que l'Etat doit être conçu pour favoriser l'épanouissement de la société et non son contrôle. «Le système institutionnel doit s'appuyer, désormais, sur celui de la territorialité bien comprise où la région sera conçue aussi bien comme espace d'expression de la démocratie locale que comme un pôle de développement et de rayonnement économique et socioculturel», a-t-il poursuivi. Il s'agit, aussi, selon le conférencier, de l'Etat unitaire régionalisé (EUR) qui aura à relier une quinzaine de capitales régionales qui seront constitutives de pôles de décisions, de régulation, de concertation et d'une élite compétente qui agiront au plus près des intérêts locaux et régionaux sans êtres, a-t-il précisé, déconnectées du pouvoir central. «Chacune de ces capitales doit être dotée d'un pouvoir d'unité d'action et de décision incarnée par un organe exécutif dépositaire de la légitimité populaire et d'un organe législatif pourvu de larges prérogatives pour mener une politique institutionnelle propre à la région et une administration spécifique dotée de la faculté de décision et d'une assise financière et économique propre». «Toutes les politiques de développement local doivent ériger le territoire, avec ses multiples enjeux, en lieu privilégié de l'action publique grâce à des mesures de médiation et de concertation entre l'Etat, les collectivités locales, les associations de la société civile et les partenaires économiques», a-t-il estimé. «La bonne gouvernance a induit, dans beaucoup de pays, la mise en place d'une régionalisation en harmonie avec les exigences de développement y compris dans les Etats unitaires historiquement défiants et frileux», a-t-il rappelé. Forgée autour d'une identité locale et régionale forte, la région est en mesure d'offrir des politiques publiques intégratives qui dépassent le cadre étroit de la wilaya et de ses démembrements, a encore poursuivi Me Saheb, précisant que le projet de régionalisation modulable tel que préconisé par le RCD «n'a pas vocation de remettre en cause l'unité de l'Etat et que son fondement et son expression tendent fondamentalement au seul bénéfice des citoyens, à asseoir les fondements d'un Etat véritablement démocratique, moderne et décentralisé, ceux de la proximité et de la subsidiarité, jamais engagés dans le pays». «L'Etat unitaire régionalisé doit s'appuyer sur la région comme entité politique et instrument de développement économique, social et culturel, en tant qu'il témoigne de la diversité fécondante de l'Algérie et en tant qu'il participe à rapprocher les citoyens des gouvernants pour plus de transparence dans la gestion et le contrôle des ressources nationales», a-t-il conclu.