L'idée du RCD, mise sur la table en 2001, est d'en finir avec le très étouffant centralisme bureaucratique en créant des régions dotées de prérogatives pour pouvoir réellement prendre en charge les problèmes qui se posent aux citoyens. Devant l'impasse politique et institutionnelle dans laquelle végète actuellement le pays par la faute d'un système imposé de force au lendemain de l'indépendance, il y a urgence de repenser fondamentalement l'édifice de l'Etat algérien. À l'origine de l'injection de thèmes majeurs (tamazight, laïcité, statut de la femme,...) dans le débat public, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a prodigué sa recette pour prendre en charge cette problématique. Dans le cadre de ses activités ramadhanesques, le bureau régional du RCD d'Alger a invité Hakim Saheb, juriste et responsable de la communication du parti, qui, deux heures durant, a décortiqué cette idée révolutionnaire d'Etat unitaire régionalisé qui, a-t-il souligné, “est à la lisière de l'Etat centralisé et de l'Etat fédéral". Devant une salle pleine, Me Saheb, très à l'aise et pédagogique à souhait, a déroulé un argumentaire imparable. “L'Etat unitaire régionalisé est une alternative à l'impasse politique et institutionnelle actuelle", a-t-il soutenu. L'idée du RCD, mise sur la table en 2001, est d'en finir avec le très étouffant centralisme bureaucratique en créant des régions dotées de prérogatives pour pouvoir réellement prendre en charge les problèmes qui se posent aux citoyens. Selon Me Saheb, son parti s'est inspiré des artisans de la révolution algérienne qui, en 1954, ont eu l'intelligence de découper le territoire algérien en 6 zones sociologiquement et culturellement très homogènes. Aussi, la régionalisation sera en quelque sorte le parachèvement de cet immense chantier entamé par les fils de la Toussaint mais contrarié, au lendemain de l'indépendance, par les nouveaux dirigeants qui, par mimétisme et complexe du colonisé, ont imposé le système jacobin français ne tenant pas compte des réalités sociologique, culturelle et cultuelle du pays. Le nouvel Etat algérien n'est qu'une pâle copie de l'Etat colonial. Les résultats d'un tel choix sont désastreux : cohésion sociale malmenée, développement économique disparate, déséquilibre régional, etc. Aussi, Me Hakim Saheb n'a pas hésité à appeler à la “décolonisation institutionnelle pour parachever le combat de Novembre 54". “La refondation de l'Etat est plus que jamais un impératif pour la survie de la nation. Cela passe par la mise en place d'un édifice institutionnel s'appuyant sur trois piliers : commune, wilaya et région", a plaidé Me Saheb. Il s'agit de reprendre les 6 wilayas historiques en les adaptant aux réalités d'aujourd'hui. Ouverts à la modernité, les responsables du RCD se sont aussi inspirés des exemples espagnol et italien dans la formulation de leur projet qui vise à créer pas moins de 15 capitales régionales. En dehors des missions régaliennes (défense, monnaie et représentation et politique étrangères), l'Etat centralisé sera dessaisi de ses prérogatives au profit des régions. “Il s'agit de concevoir des institutions proches des citoyens à même d'assurer un développement économique harmonieux et de mettre en pratique la démocratie de proximité", a assuré le responsable du RCD qui a invité les militants de son parti à être plus offensifs. “La régionalisation reste un axe fondateur qu'il va falloir vulgariser auprès des citoyens qui ne font pas de différence entre régionalisation et régionalisme", a-t-il expliqué. “La régionalisation est le tombeau du régionalisme", a appuyé Dahmane Laker, président du bureau régional d'Alger. A. C.