Après huit jours de débats, d'auditions et de plaidoiries, le procès de 23 personnes morales et physiques impliquées dans l'affaire de l'autoroute Est-Ouest, connaîtra son épilogue jeudi avec l'annonce du verdict final. «Ce procès entrera dans l'histoire du pays», ont martelé lors de leurs interventions remarquées au prétoire certains des 25 défenseurs des accusés, dont ceux du principal prévenu dans cette affaire, Madjdoub Chani. Les 23 accusés, dont un est en fuite, entendront jeudi prochain le tribunal criminel présidé par Tayeb Hallali répondre à 360 questions relatives aux chefs d'inculpation retenus contre eux, dont celui de «commandement et organisation d'une association de malfaiteurs, trafic d'influence, corruption, dilapidation de deniers publics et blanchiment d'argent». Après la lecture des 360 questions, le juge Hallali prononcera les sentences et statuera après sur le sort de l'accusé en fuite, Kouidri Tayeb. Le tribunal criminel va également statuer sur l'action civile relative aux demandes de dédommagement matériel et moral des parties civiles qui sont l'Agence nationale des autoroutes, l'administration douanière et le Trésor public. A la fin du procès, dimanche dernier, les accusés ont tenu à saluer les conditions qui l'ont entouré et le bon traitement qui leur a été réservé par le président du tribunal en leur donnant la parole et toutes les facilités afin qu'ils puissent se défendre. 25 avocats se sont succédé à la barre pour défendre leurs mandants. Tous ont plaidé la relaxe ou la nullité des poursuites. Les dernières plaidoiries se sont tenues dimanche avec l'intervention des avocats du principal accusé dans cette affaire Chani Majdoub, Mohamed Khelladi, Allab El Kheir et le groupe chinois Citic CRCC. Par ailleurs, les représentants des sept entreprises étrangères (Cojaal-Japon, Pizarroti-Suisse, Caraventa-Suisse, Isolux Corsan-Espagne, SMIN- Canada et COBA-Portugal) ont nié les faits retenus contre elles et demandé la relaxe. Des peines de prison d'une année à 20 ans avaient été requises, vendredi, par le représentant du ministère public contre 15 accusés et une amende de cinq millions de dinars contre chacune des sept entreprises étrangères, rappelle-t-on. Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public avait relevé l'extrême gravité de cette affaire de corruption à «grande échelle qui touche l'économie nationale». «Cette affaire de corruption touchant le projet de l'autoroute Est-Ouest ainsi que d'autres projets de transport en Algérie a terni la réputation économique du pays», avait-t-il martelé. Les peines prononcées par le ministère public contre les 22 accusés Voici les peines requises par le ministère public dans l'affaire de l'autoroute Est-Ouest, dont le procès a duré huit jours, avant le verdict final. Une peine de 20 ans de réclusion criminelle assortie d'une amende de 8 millions de DA a été requise contre le principal accusé, Chani Medjdoub (conseiller de Citic CRCC Chine) pour commandement d'une association de malfaiteurs, trafic d'influence, corruption et blanchiment d'argent. La même peine d'emprisonnement (20 ans) assortie d'une amende de cinq millions de DA a été requise contre Khelladi Mohamed (directeur des nouveaux programmes de l'ANA) pour organisation d'une association de malfaiteurs, perception de présents injustifiés, dilapidation de deniers publics, abus de fonction et corruption. Une peine de 15 ans de réclusion assortie d'une amende de huit millions de DA a été requise contre Hamdane Rachid Salim (directeur de la planification au ministère des travaux publics) pour organisation d'une association de malfaiteurs, trafic d'influence, corruption, blanchiment d'argent, abus de fonction et perception de présents injustifiés. La même peine a été requise contre Adou Tadj Eddine, homme d'affaires, pour organisation d'une association de malfaiteurs, trafic d'influence, corruption et blanchiment d'argent. Le procureur général a, d'autre part, requis huit ans de prison et une amende de huit millions de DA contre Adou Sid Ahmed, homme d'affaires, pour organisation d'une association de malfaiteurs, corruption , trafic d'influence et dilapidation de deniers. La même peine d'emprisonnement (8 ans) assortie d'une amende de 1 million de DA a été requise contre Ghellab El khayar, investisseur, pour organisation d'une association de malfaiteurs et trafic d'influence. Trois ans de réclusion assortie d'une amende d'un million de DA ont été requis contre Ouazane Mohamed dit Colonel Khaled, fonctionnaire au ministère de la Justice pour trafic d'influence, corruption, abus de fonction et perception de présents injustifiés. Deux années de réclusion ont été requises contre Bouchama Mohamed, secrétaire général du ministère des Travaux Publics pour trafic d'influence, perception de présents injustifiés et abus de fonction, Ghazali Ahmed Rafik, directeur des études à l'Agence nationale des autoroutes (ANA ) pour corruption, trafic d'influence et perception de présents injustifiés) et Farachi Belkacem, cadre au ministère des Transport pour corruption, trafic d'influence et perception de présents injustifiés. Une année de réclusion a été requise contre les trois sœurs Ghrieb pour complicité dans le blanchiment d'argent ainsi que contre les deux frères Bouznacha, commerçants, pour violation de la législation et du règlement relatifs aux changes et aux mouvements des capitaux de et vers l'étranger. Les entreprises étrangères ont été condamnées à une amende chacune de cinq millions de dinars. Enfin, le représentant du ministère public n'a pas fait de réquisitoire contre le 16e accusé en fuite, Kouidri Tayeb, poursuivi pour trafic d'influence.