La défense des 22 personnes morales et physiques dans le procès de l'affaire de l'autoroute Est-Ouest était partagée jeudi entre satisfaction et déception après le verdict prononcé par le tribunal criminel d'Alger. A l'issue du procès mené durant huit jours par le juge Hellali Tayeb, un verdict alliant acquittement et lourdes peines de prison a été prononcé contre les 15 personnes impliquées dans cette affaire, dont Chani Medjdoub et Khelladi Mohamed. Le défenseur de Mohamed Bouchama, ex-SG du ministère des Travaux publics, qui a été acquitté, a dans une déclaration à estimé que «la surprise ne réside pas dans la relaxe de son client mais plutôt dans le fait qu'il a été poursuivi et détenu pendant un an alors même qu'il a nié les faits qui lui sont reprochés». «Mon sentiment est que j'éprouve une satisfaction suite à ce verdict», a indiqué l'avocat pour qui «l'essentiel est que justice soit faite». Dans ce procès, il y a aussi Allab El-Khier, investisseur, qui a été acquitté. Son avocat, maître Bergheul Khaled s'est dit «s'attendre à cette issue. Personnellement, je m'attendais qu'il soit acquitté car il n'est mêlé ni de près ni de loin à une quelconque malversation dans les contrats avec Citic», a-t-il dit. Il a ajouté que son client n'a pas été entendu lors de l'instruction (de l'affaire), car il était à l'étranger. Mais «il a choisi de se mettre à la disposition de la justice et il a bénéficié d'une relaxe», a-t-il ajouté. Maître Abderrahmane Amine Sidhoum, avocat du principal accusé Chani Medjdoub (conseiller de Citic Crcc, Chine), a souligné que son client continue de «clamer son innocence», et qu'il est «une victime dans ce dossier». Il a qualifié de «dur» le verdict de 10 ans de prison prononcé contre son client, et annonce qu'il va faire appel auprès de la Cour suprême. En attendant, il a affirmé que son client va entamer «immédiatement» une grève de la faim illimitée afin de clamer son innocence. Dans un précédent communiqué transmis avant l'annonce du verdict à la presse par son avocat, Chani avait indiqué qu'il entamera une grève de la faim à partir de dimanche prochain «quel que soit le verdict» de ce procès. Mahmoud Laabassi, avocat de Mohamed Khelladi (ex-directeur des nouveaux programmes de l'ANA), qui été condamné à 10 ans de prison et à une amende de trois millions de dinars, a estimé de son côté que «la peine (contre son client) a été prononcée sur une conviction personnelle et non sur des preuves». Les entreprises étrangères rejettent le verdict Il a annoncé qu'il va faire appel de ce verdict dans les huit prochains jours. Maître Fatma Chenaïf, avocate de l'entreprise japonaise Cojaal, relève de son côté que l'amende de cinq millions de DA infligée par le tribunal criminel d'Alger «est lourde, cette décision n'est pas satisfaisante. Un recours est prévu devant les instances suprêmes». Selon elle, la condamnation repose uniquement sur «l'intime conviction et il n'y a aucune preuve pour justifier cette décision». Maître Kamal Maouche, avocat d'Isolux Corsan (Espagne), rejette l'amende de cinq millions de DA infligée à son client et souligne qu'un pourvoi en cassation sera déposé car «le problème réside dans la condamnation» et non dans le montant de l'amende. Les avocats de Citic et de SMIN Canada ont aussi décidé d'introduire des pourvois en cassation. Enfin, maître Belarif estime que les entreprises condamnées dans cette affaire «ne doivent plus participer» à des soumissions de marché publics en Algérie.