«Le commerce de boissons alcoolisées : un thème de campagne central des organisations islamistes.» Cette déclaration se voulait en réponse implicite aux attaques islamistes qui l'avaient pris pour cible il y a quelques semaines suite à sa décision de ne plus soumettre à autorisation la vente de gros des boissons alcoolisées, décision finalement gelée par le Premier ministre. Selon le ministre du Commerce, 200 millions de litres de boissons alcoolisées ont été consommées par les Algériens en 2014. «Ce n'est pas moi qui les ai bus», a-t-il fait remarquer. «Contraint, après le désaveu par Abdelmalek Sellal de sa décision d'annuler une instruction prise par son prédécesseur instituant une autorisation préalable à la vente en gros des boissons alcoolisées, Amar Benyounès, chef du MPA (mouvement pour l'Algérie) et ministre du Commerce, a profité de la célébration de l'anniversaire des massacres du 8 mai 1945 pour dénoncer une collusion entre le courant salafiste et la mafia des vendeurs informels d'alcools. Comme à l'accoutumée, Amar Benyounès s'en est pris à une opposition qui n'a «ni programme ni alternative» et qui n'a que de la «haine» à proposer. Après une défense de l'action du président Bouteflika, le ministre du Commerce a abordé la rebuffade qu'il a essuyée au sein du gouvernement au sujet de l'organisation du marché des boissons alcoolisées. Il l'a abordée dans une phrase choc, où se mélangent l'humour et le dépit : «Pas moins de 200 millions de litres de boissons alcoolisées ont été consommées par les Algériens (en 2014, ndlr) et ce n'est pas moi qui les ai consommés», a-t-il déclaré en dénonçant une entreprise mafieuse pour entraver la régulation d'un marché qui est contrôlé à 70% par le secteur informel. «Ceux qui ne veulent pas réguler cette activité sont ceux qui appartiennent à une mafia qui a tout à perdre», a déclaré Amara Benyounès, en épinglant, sans le citer directement, le Premier ministre qui a retoqué sa décision. «Personne ne m'arrêtera dans l'assainissement du commerce extérieur» Amara Benyounès a réaffirmé avoir agi en «tant que ministre du Commerce» qui œuvre à mettre de l'ordre dans le secteur et qu'il n'est «ni mufti ni imam», mais qu'il se contente d'appliquer la loi. «Personne ne m'arrêtera dans l'assainissement du commerce extérieur», a-t-il déclaré. Pourtant, il a bien été arrêté dans son action «d'assainissement» du marché de la boisson alcoolisée qui est, effectivement, largement aux mains de l'informel. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait décidé, après une campagne de presse vindicative, menée par les islamistes mais également par les religieux de l'establishment religieux officiel – et même des menaces de manifestations de rues – de retoquer la décision de Amara Benyounès d'abroger une instruction prise par un de ses prédécesseurs au poste, Hachemi Djaboub (MSP), d'instituer une autorisation préalable à la vente en gros des boissons alcoolisées. Une instruction qui n'était pas prévue dans la loi et qui avait été signée, indique une source informée, par un petit directeur au ministère du Commerce. Le leader du MSP (islamiste) Abderrezak Makri, dans une déclaration récente à la chaîne Al-Magharibiya, a souligné que cette instruction était défendue par certains au sein de ce parti comme une illustration des «bienfaits» de la participation au gouvernement. Comme pour lui répondre tout en pointant une hypocrisie des islamistes, Amara Benyounès a indiqué que «plus de 890 agréments avaient été octroyés pour la vente en gros de la boisson alcoolisée» quand le ministère du Commerce était dirigé par Mustapha Benbada, un islamiste du MSP.