Frappée lourdement par le terrorisme à deux reprises depuis le début de l'année, la Tunisie a décrété l'état d'urgence cette semaine, un dispositif qui inclut entre autres mesures la construction d'un mur à la frontière avec la Libye. Plus à l'ouest, le Maroc a entrepris un projet semblable, notamment pour se protéger d'éventuels terroristes venant d'Algérie. Au Moyen-Orient, la crainte inspirée par Daech incite plusieurs Etats à utiliser des moyens radicaux pour se protéger. En janvier dernier, on apprenait que l'Arabie Saoudite avait commencé à installer des barbelés le long des 600 kilomètres de frontières séparant le royaume de son voisin irakien. En juin, Israël a pris la décision de clôturer sa frontière avec la Jordanie, la seule qui était restée ouverte jusqu'à présent. Depuis le début de la guerre en Syrie, en 2011, la Turquie a clairement restreint l'accès en provenance de ce pays, surtout depuis que l'Etat islamique y fait régner la terreur. Une nette augmentation depuis le 11-Septembre Le nombre de murs pour délimiter les frontières, endiguer les trafics, stopper les flux migratoires ou lutter contre le terrorisme est en constante augmentation depuis 1998. Selon un décompte réalisé par la chercheuse canadienne Elisabeth Vallet et actualisé en novembre dernier par Courrier International, ces murs frontières étaient au nombre d'une vingtaine au 11 septembre 2001. Le monde en compterait aujourd'hui largement plus d'une cinquantaine. Tunisie : un projet achevé fin 2015 L'Afrique du Nord comptera bientôt cinq murs frontières : les barbelés des enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla ; le mur des sables finalisé en 1987 et censé protéger le Maroc du Front Polisario (qui souhaite l'indépendance du Sahara Occidental) ; la clôture de plus de 100 kilomètres entre le Maroc et l'Algérie évoquée explicitement en mai par le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane ; le mur entre la Tunisie et la Libye. C'est dans ce pays, selon les autorités tunisiennes, que se sont formées aux armes les auteurs de l'attentat contre le musée du Bardo le 18 mars (22 morts, dont 21 touristes) et celui qui a tué 38 touristes dans un hôtel de la zone touristique de Port El Kantaoui le 26 juin. Mercredi, un porte-parole du ministère tunisien de la Défense, Belhssan Oueslati, a évoqué «un mur protecteur de terre et des fossés» qui «seront construits entre les deux postes frontaliers de Ras Jedir et Dhiba sur 186 kilomètres». Ce projet avait déjà été annoncé après l'attentat du Bardo. «Nous avons commencé l'exécution de ce projet depuis le 10 avril et il sera achevé fin 2015», selon ce porte-parole. La construction du mur est motivée par la crainte de nouveau attentats. Le ministère de l'Intérieur tunisien a rapporté que 33 jeunes tunisiens, en majorité «des fondamentalistes», ont été portés disparus. Leurs familles craindraient, selon des médias locaux, qu'ils n'aient rejoint des groupes extrémistes en Libye.