Un spectacle musical baptisé "Sol Fa" alternant contes, musique et chants, a été présenté lundi soir au théâtre régional de Constantine (TRC), permettant aux conteuses Sihem Kennouche et Halima Hamdane de faire étalage de tout leur talent de charmeuses de foules en tenant en haleine une assistance éblouie. La conteuse algérienne Sihem Kennouche, passée maîtresse dans l'art de captiver son auditoire, a raconté l'histoire de la petite Kettou, la fille à la voix envoûtante qui habite un village lointain et qui vivait heureuse avec son père, un passionné de musique, et son frère Bilal, un virtuose en herbe. Très à l'aise sur scène, Sihem, avec sa diction claire et ses gestes expressifs, relate les mésaventures de Kettou qui perdit la vue, après que son père et son frère furent "déportés" loin de chez elle, dans un monastère. Les événements se succèdent et s'enchaînent, les années passent et la petite Kettou devient une belle femme et une grande diva de la chanson, avec l'appui de son mari Youri, un maestro russe. Pour affirmer que la vie n'est finalement qu'une série de providences, l'histoire relate, avec beaucoup d'émotion, que cinquante ans après le bombardement de son village, la diva, assistant à un concert donné par "des gens venus de chez elle", a reconnu aux première notes de violon le frère perdu. En duo et en solo, les chanteurs Abbas Righi et Amina Karadja ont "appuyé" la conteuse, interprétant des chansons inspirées des faits de l'histoire, accompagnés par les violonistes algérien Samir Boukredira et tunisien Ferhat Bouallagui. La conteuse marocaine Halima Hamdane prend le relais pour narrer l'histoire de Meriem et de Rabah qui ne cessaient de faire des rêves d'avenir et de bonheur, puis le départ du bien-aimé pour l'Indochine, pour une guerre qui n'était pas la sienne. Avec son accent doux et l'intonation émouvante de sa voix, Halima tisse l'histoire et précise que Rabah s'est tatoué dans le creux de la main la "Khomsa" (motif représentant une main ouverte, ndlr) de Meriem, pour se protéger du mauvais oeil. Les années passent et Meriem, épousant la cause de son pays, part au maquis, fait preuve de bravoure et de courage et finit par rencontrer celui qui devient son mari. Pour démontrer une nouvelle fois que la vie n'est qu'une suite de faits aléatoires, Meriem, devenue épouse d'un haut responsable par le plus pur des hasards, rencontre, des décennies après, celui avec qui elle avait partagé des rêves. Rabah était le mendiant à qui elle a donné quelques pièces depuis la vitre de sa voiture. Elle l'a reconnu par le tatouage dans le creux de sa main, sur fond de montage musical époustouflant, tout en belles sonorités.