«Il n'y a de défense nouvelle possible que si la nation y participe de son esprit comme de son cœur», disait Jean Jaurès. «Une vision sans action est un rêve, une action sans vision est un cauchemar», disait Abdelaziz Medjahed. La première pensée suppose que le pouvoir politique qui confie son mandat à l'armée bénéficie d'une légitimité sans faille. Or, toutes les légitimités acquises lors des différentes élections ont toujours été mises en débat. Les «vaincus» n'ont jamais félicité les vainqueurs. Au sommet de l'Etat, les vainqueurs ont toujours gagné au premier tour au lieu d'aller au second tour pour négocier les alliances, élargir leurs bases et créer une vraie majorité. Il s'en suit alors l'inexistence de l'indispensable «période de grâce» dont doit disposer tout chef d'Etat nouvellement élu ou tout chef de gouvernement nouvellement mis en place. La confiance populaire ainsi placée en le président légitime est transférée vers les institutions, et fatalement vers l'armée qui est l'ossature de la défense. C'est ainsi qu'est renforcée la cohésion nationale dont les composantes sont le peuple, l'armée, toutes les institutions et qui constitue le meilleur espace de défense contre toutes les menaces d'où que celles-ci viennent. La deuxième pensée met la réflexion au centre de toutes les démarches. Evaluer le degré de nocivité de l'adversaire, ses points faibles, nos vulnérabilités, construire une stratégie et certainement prendre en compte la stratégie du terrorisme. Intégrer l'idée que le terrorisme devrait être combattu par des moyens pas toujours classiques, forces spéciales, hélicoptères, renseignement satellitaire, drones, volontaires, et accorder de la valeur à la vie du soldat. Des réponses devraient être apportées à deux questions. Quelles sont les composantes de la vigilance ? Quelles sont nos vulnérabilités ? On n'explique ni les premières ni les secondes. Si l'Algérie se trouve dans une situation stable, le contexte régional de forte instabilité qui caractérise notre voisinage immédiat peut lui-même s'avérer «pollueur» si les facteurs constitutifs de l'équilibre continuent à échapper à la pleine capacité de l'Etat, encore faudrait-il ne jamais diverger sur les sources des périls et accorder toute leur importance aux services du renseignement. L'Algérie avertit que si ensemble nous continuons à ne pas publiquement conjurer ces menaces et si nous continuons également à en ignorer les sources, n'importe quelle mobilisation d'urgence des ressources, et d'une urgente augmentation des capacités à y faire face, risqueront d'être insuffisants. Dans une période de forte perturbation sécuritaire et politique, de conflits internes, même le sentiment national y laissera beaucoup de sa consistance alors qu'il serait extrêmement urgent de consolider la cohésion nationale.