Cet été aura été celui de toutes les interrogations. Face aux rebondissements qui suivent chaque événement et qui sont amplement relayés par la vox populi, via les réseaux sociaux notamment, les autorités politiques restent immuables et imperturbables. Ce qui alimente davantage le pouvoir de la rumeur dans une conjoncture qui appelle la vigilance de tout un chacun. Au lieu d'intervenir promptement pour clarifier les enjeux et rassurer les citoyens, le gouvernement préfère se confiner dans ses anciennes pratiques autarciques. De la mystérieuse «fusillade» de Zéralda à la polémique sur l'introduction de l'arabe dialectal dans l'enseignement, en passant par le limogeage de l'ex-ministre du Commerce, Amara Benyounès, et plus récemment encore la rumeur sur l'arrestation du secrétaire général du FLN à Paris, la communication officielle tend à devenir un véritable handicap pour s'affranchir des apesanteurs qui paralyse la vie politique nationale. Sur ce point, la classe politique – toutes tendances confondues – assume la même responsabilité, puisqu'elle ne fait qu'ajouter à la confusion générale qui règne et entretenir les amalgames qui s'avèrent parfois porteurs de dangers pour la stabilité et la cohésion nationale, comme c'est le cas, par exemple, du débat actuel sur l'usage de la langue maternelle qui a débordé et qui a ravivé toutes les anciennes rancœurs idéologiques dont l'Algérie peut se passer à l'heure actuelle. Les dirigeants politiques s'expliquent aussi mal sur les retombées de la crise pétrolière qui inquiète au plus haut point le petit peuple avec ces discours alarmistes qu'il entend quotidiennement à travers les médias. Le citoyen est resté sur sa faim s'agissant des mesures exactes qui doivent être prises pour faire face à la situation, et des secteurs qui seront touchés par la politique d'austérité annoncée par le gouvernement. Du coup, il n'est pas préparé à affronter l'inconnu. Il faut dire que sur cette question, les discours officiels sont contradictoires et aucune indication claire ne montre si l'Exécutif va réellement s'appliquer à des restrictions budgétaires importantes ou à une nouvelle politique fiscale, par exemple. Nous n'avons eu droit, pour l'instant, qu'à des suggestions. Pourtant, l'Algérie en a déjà eu l'expérience ces dix dernières années. Les Algériens ont goûté aux effets psychologiques ravageurs de la rumeur publique, notamment à l'approche de la rentrée sociale. Il est clair que ceux qui font dans la promotion de la rumeur visent à démotiver les Algériens et à les laisser comme désarmés face à l'adversité. En cela, ils ont réussi à rendre difficile et aléatoire un retour de confiance entre le peuple et ses gouvernants, à un moment où le pays a tant besoin d'union et de cohésion pour faire faces aux défis, nombreux et complexes, auxquels il est confronté.