«Human», le nouveau film du réalisateur Yann Arthus-Bertrand est sorti ce week-end dans 400 salles en France, accompagnées d'une projection aux Nations unies à New York, à la Mostra de Venise et à la Fête de l'Humanité. Un projet monstre avec 2 020 témoignages en 63 langues et en 60 pays auquel le cinéaste a consacré trois ans de sa vie. Des femmes et des hommes issus de tous les continents témoignent de la condition humaine. Des visages en gros plan d'hommes et de femmes de tous les âges et de tous les pays filmés sur le même fond noir. Ils interpellent le spectateur ou lui raconte une histoire comme celui-là d'un homme : « La pauvreté est un état dont lequel je suis actuellement, mais à force de le vivre quotidiennement – non pas qu'on s'y complaît, mais on s'y habitue. La pauvreté est un état qui dure et pour beaucoup trop [longtemps]. » Des récits dans toutes les langues : comment vivre, la guerre ou l'amour. Yann Arthus-Bertrand propose en trois heures dix minutes une plongée au cœur de notre humanité, un projet un peu mégalomane : recueillir la parole universelle et bouleversante de milliers d'êtres humains anonymes. À 69 ans, le photographe et réalisateur est un habitué des grands documentaires consacrés à la terre. Home, Planète océan ou encore Vu du Ciel étaient autant de témoignages de la beauté et de la fragilité des écosystèmes du monde. Il propose cette fois une expérience tout à la fois de partage et d'introspection. La substantifique moelle des témoignages «Je pense qu'on vit dans un monde de cynismes, de scepticismes, où la gentillesse et la bienveillance sont devenues ringardes, avance le réalisateur Yann Arthus-Bertrand. Moi, je pense que la gentillesse est importante. De parler d'amour est important et qu'on est tous capable d'en parler. Finalement, ce film parle de ça. On doit s'aimer un peu plus. C'est un peu nunuche ce que je dis, mais je suis un grand nunuche. » Nunuche, mais efficace avec 500 heures d'interviews et des mois de montage pour ne garder que la substantifique moelle de ces témoignages obligeant chaque spectateur à s'interroger sur sa propre vie. « Le sens de la vie c'est quelque chose, s'interroge Yann Arthus-Bertrand. C'était très intéressant de demander à tout le monde : qu'est-ce que le sens de la vie ? Quelquefois tu as des réponses absolument inoubliables. Il y avait un petit garçon de rue à Kinshasa, 12 ans, qui nous a dit : «j'ai une mission sur terre. Dieu m'en a forcément donné une et c'est à moi de la trouver, parce que j'en ai une». Cela vous fait réfléchir. Je pense que le sens de la vie, c'est à nous de le chercher. Ce petit garçon vous dit d'une façon très claire ce qu'on devrait se poser beaucoup plus souvent : qu'elle est le sens de ma vie. Qu'est-ce que je veux faire de ma vie ? Des prises de vues aériennes et contemplatives permettent au spectateur de souffler face à ce flot de paroles intimes sur la musique d'Armand Amar, compagnon de tous les films de Yann Arthus-Bertrand.