Comme il fallait s'y attendre, les participants à la table ronde organisée par le Conseil national économique et social (Cnes) autour des enjeux de l'économie algérienne face à la situation actuelle du marché pétrolier international ont insisté dans leurs recommandations sur la dépense publique et la nécessité de mieux la maîtriser, autrement dit sans toucher au pouvoir d'achat, qu'il faut au contraire préserver, ni à l'effort social, appelé à être poursuivi, et encore moins aux programmes dans les domaines de l'emploi, du logement, de la santé et de l'éducation. Selon l'APS, les experts présents à la rencontre «ont notamment préconisé que le gouvernement arrive rapidement à un ciblage des subventions selon les revenus et selon le type d'activité». Les experts ont également recommandé d'assurer une couverture totale du budget de fonctionnement par les recettes ordinaires et de concrétiser la transition d'un modèle de financement basé sur le budget de l'Etat vers un modèle s'appuyant sur le marché financier. Cette recommandation rejoint la volonté du gouvernement de passer graduellement, dans sa politique budgétaire, d'une dépense publique massive à des financements basés sur les ressources du marché tout en maintenant le cap de ces dépenses à moyen terme afin d'atteindre les objectifs de croissance hors hydrocarbures, selon l'explication donnée par le ministre des Finances Abderrahmane Benkhalfa. Ce cap comprend la sauvegarde des progrès en termes de politique sociale qui «ne sera en aucun cas secouée de manière brusque» en dépit de la baisse des prix de pétrole et des revenus extérieurs de l'Algérie, a-t-il promis. Oui, le passage d'une économie basée quasi-exclusivement sur la dépense publique vers une économie financée par les ressources extrabudgétaires se fera, mais «de manière progressive», selon le ministre des Finances. Ce que recommandent les experts, rationalisation de la dépense publique et développement du marché des capitaux, c'est «ce que le gouvernement fait actuellement», a souligné le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, dans son intervention à l'ouverture des travaux de la table ronde. Une autre recommandation des chercheurs participants est allée dans le sens de ce que fait le gouvernement : booster davantage l'industrie, mettre en place une politique efficace de production devant se substituer aux importations et développer les exportations pour arriver à diversifier les sources de financement. Le Premier ministre avait donné l'assurance que le gouvernement poursuivra en 2016 ses actions destinées à la promotion de l'investissement, au soutien de l'entreprise et à l'encouragement du secteur national productif. Abdelmalek Sellal a souligné que l'entrepreneur algérien demeure au cœur de la création de croissance. Rappelons que les travaux de la table ronde ont été articulés autour de trois panels : l'un sur l'évolution de l'économie mondiale depuis la crise de 2008, avec un accent particulier sur le retournement du marché international des hydrocarbures, pour explorer les perspectives, déterminer les défis et les enjeux globaux liés au marché des hydrocarbures dans l'optique d'en mesurer les impacts sur l'économie nationale, le deuxième panel a traité les principaux éléments-diagnostic caractérisant l'économie nationale ainsi que les enjeux multiples auxquels est confrontée l'économie nationale, avec comme éléments centraux du débat la diversification, la réindustrialisation, l'insertion aux chaînes de valeurs internationales, l'insertion progressive de l'économie informelle dans la formalité et le développement humain ; enfin, le troisième panel a, quant à lui, débattu des éléments-diagnostic dévoilés par les deux premiers panels ainsi que des recommandations et préconisations à soumettre à l'appréciation des plus hautes autorités nationales, afin qu'elles puissent statuer en toute connaissance de cause. Evidemment, le Premier ministre sera rendu destinataires des propositions et autres recommandations de la table ronde qui doivent faire l'objet de publication sous forme de contributions écrites du «Collège des experts»du Cnes.