Dans son message à l'occasion de la commémoration du 61e anniversaire du déclenchement de la Révolution, le président de la République a souligné «l'attachement farouche de nos ancêtres, à travers les millénaires, à leur terre, à la liberté et à la dignité». Une valeur qui fonde aujourd'hui «le refus de l'Algérie de toute forme d'ingérence dans ses affaires et de présence étrangère sur son sol». Cet attachement à la liberté, la dignité et à la souveraineté est devenu «une référence identitaire de notre pays et de notre peuple» et demeure «la source où notre peuple puise le surcroît d'énergie nécessaire pour son sursaut national, chaque fois qu'il est confronté à des défis extrêmes, dont la tragédie nationale aura été un douloureux exemple», affirme le chef de l'Etat qui rappelle la solitude dans laquelle le peuple algérien a eu à lutter pour la survie de sa patrie face à la folie du terrorisme, «une lutte durant laquelle les valeureux moudjahidine ont donné l'exemple pour une mobilisation citoyenne salvatrice». En effet, des périodes difficiles ont entravé la marche de l'Algérie vers le progrès et la démocratie : la décennie 1990 restera, pour les Algériens, une page noire dans leur histoire contemporaine, mais qui les rendra plus immunisés contre toute tentative de déstabilisation, à l'image de celles qui broient actuellement nombre de pays de notre région. Il reste, cinquante trois ans après l'Indépendance, à consolider les réformes démocratiques et à parachever la construction des institutions. Car, sur ce registre, beaucoup reste à faire. Plus que toute autre commémoration, celle du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954 revêt toujours un caractère exceptionnel dans la vie de la nation, qui constitue la principale référence historique et politique pour tous les Algériens, dans leur diversité idéologique ou générationnelle. D'où, d'ailleurs, ce regain d'intérêt accru, chez les nouvelles générations, pour l'histoire de la guerre de Libération, et toutes les curiosités qu'elle suscite chez les jeunes générations pour connaître l'histoire de ces hommes d'exception qui ont été à l'origine du passage à l'action armée. Il y a soixante et un an, un groupe de jeunes militants nationalistes décident de passer outre tous les clivages et divergences politiques qui minaient alors le mouvement national, en proclamant la lutte armée, seule voie pour reconquérir sa liberté et recouvrer sa souveraineté sur sa terre face à un occupant plus impitoyable que jamais. Le mouvement national a commencé à se forger ce destin à partir des massacres du 8 Mai 1945 perpétrés par les forces coloniales sur les populations civiles dans l'Est algérien. Ce qui a permis aux nationalistes de se réorganiser et de renforcer ses rangs, alors la classe politique était désormais, dans sa majorité, acquise à l'idée de l'indépendance. Début 1954, six jeunes dirigeants (Krim Belkacem, Larbi Ben M'hidi, Mostefa Ben Boulaïd, Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf et Mourad Didouche) fondent le Comité révolutionnaire d'unité et d'action (Crua), qui mettra au monde, le 10 octobre 1954, le Front de libération nationale (FLN). Le 1er novembre, le FLN proclame le déclenchement de l'insurrection armée. Un appel à la population a été diffusé le jour même pour expliquer les motifs du soulèvement et les buts de la révolution qui allait changer le cours de l'histoire, et exhorter les Algériens à y adhérer massivement. C'est, en effet, dans l'union que le peuple et les moudjahidine vont pouvoir résister à l'impressionnant déploiement de l'armée coloniale contre les maquis, mais aussi dans toutes les campagnes et les villes du pays. C'est grâce surtout à l'engagement et à la détermination des militants que cette lutte a été proclamée, malgré le peu de moyens et d'armes dont ils disposaient, et malgré l'incertitude qui dominait encore chez tant d'anciens militants et certains pionniers. Car, il faut dire que jusqu'à la veille de cette date fatidique date du 1er novembre 1954, la confusion régnait encore dans les rangs du mouvement national, à cause des divisions qui rongeaient le parti nationaliste et le poids des allégeances qui se répercutaient sur les populations. C'est peut-être là le principal message que nous livre et perpétue cet anniversaire chaque année : celui du dépassement de soi dans les moments décisifs.