A en croire les médias, les agressions contre les musulmans ont atteint un seuil alarmant, en France, depuis les attentats du 13 novembre. Il fallait s'y attendre, parce que rien n'a été fait pour prémunir la communauté musulmane dans ce pays de la haine diffuse. Depuis la fameuse affaire des caricatures du prophète Mohammed (QSSSL), le phénomène de l'islamophobie ne fait que s'amplifier en Europe. Episodiquement, des symboles de l'islam font objet d'actes de vandalisme surtout en France, à travers notamment la profanation des cimetières et lieux de culte musulmans. Les incidents de ce genre sont devenus légion. Avec de nouveaux facteurs d'aggravation, tous les appels à la communion et à la sagesse risquent de n'avoir aucun effet. Les différents organismes musulmans se sont bien mobilisés à l'occasion, mais la question qui se pose est de savoir si une telle mobilisation est en mesure de s'attaquer aux racines du problème partout où s'illustre cette nouvelle guerre des croisades. Car il s'agit bien de lutter contre un phénomène plus global, qui va des discours xénophobes nourris par les politiques et les médias au durcissement des mesures de contrôle et d'expulsion, sous prétexte de lutte contre les réseaux terroristes, pour faire du musulman un suspect permanent et une menace potentielle... Cette situation s'est aggravée depuis les attentats du 11 septembre 2001, qui ont été à l'origine de cette «guerre mondiale contre le terrorisme», à laquelle toute l'Europe avait souscrit, sans réserves. Mais cela a eu comme effet de revigorer les mouvements islamistes dans les pays occidentaux. Cette galvanisation des foules, notamment dans les quartiers ghettoïsés des banlieues où sont nés ces noyaux de «djihadistes» qui vont ensuite défrayer la chronique, n'aurait sans doute pas eu lieu s'il n'y avait, de l'autre côté de la barrière, cet acharnement médiatico-étatique. Et cette fracture n'aurait pas été d'une telle profondeur, si les musulmans de France étaient mieux écoutés, mieux intégrés dans leur propre société. C'est l'avis partagé aujourd'hui par un grand nombre d'observateurs, dont certains avaient mis en garde contre cette tendance à la victimisation – consciente ou inconsciente – de la communauté musulmane, dont les Algériens constituent le segment le plus important.