Dans son livre «Le Nettoyage ethnique de la Palestine» (2006), l'historien israélien Ilan Pappé, professeur à l'Université de Haïfa, que les sionistes considèrent comme un «juif honteux», démolit le mythe selon lequel les Arabes auraient attaqué Israël au moment de sa fondation, le jeune Etat juif n'ayant eu alors d'autre ressource que de se défendre par les armes pour assurer sa survie. En fait, le nettoyage ethnique de la population palestinienne (massacres, terreur et expulsions forcées à grande échelle) était prévu dès la première heure. Le 10 mars 1948 (deux bons mois avant la proclamation d'indépendance) se tint à Tel Aviv, au siège de la Haganah (la «Maison Rouge »), une conférence, présidée par Ben Gourion et réunissant des chefs sionistes civils et militaires, afin de mettre au point les détails des «opérations» à venir. Cette réunion fut - toutes proportions gardées - l'équivalent de la conférence tenue en janvier 1942 à Berlin-Wannsee par les chefs nazis. Bien sûr, il n'y fut pas question de «solution finale du problème palestinien» mais seulement de «plan Daleth». Pourquoi attirer inutilement l'attention quand on a l'appui de l'opinion publique ? Mais pour les centaines de milliers de Palestiniens chassés, dépossédés, tués, mutilés ou blessés, cela ne fait aucune différence. Le plan Daleth renfermait les méthodes prévues par le plan sioniste : «Intimidation massive, siège et pilonnage des villages et des quartiers, incendie des maisons, des biens, des marchandises, expulsions, démolitions et pose de mines dans les décombres pour empêcher les expulsés de revenir.» Dans cette analyse détaillée du livre publiée sur le site de Global Research, Stephen Lendman (autre «juif honteux») écrit : «Il y eut des destructions de maisons, de villages et de récoltes, des viols et d'autres atrocités. On massacra des civils sans défense, femmes et enfants ; on ne fit pas de quartier. Ces crimes ne sont jamais mentionnés dans l'historiographie officielle expurgée. On n'y trouve que le mythe des Palestiniens quittant volontairement le pays et craignant les représailles des armées arabes venues envahir Israël. Ces mensonges ont pour but de couvrir les crimes israéliens que les Palestiniens appellent «Nakba» (catastrophe ou désastre)». Bien sûr, l'idée de nettoyage ethnique en Palestine n'est pas née subitement en mars 1948. Elle est l'aboutissement d'une longue évolution devenue évidente dans les années 1930. Sous prétexte de réaliser un inventaire de toutes les terres susceptibles d'être acquises par le Fonds national juif, les sionistes ont constitué des dossiers très complets sur tous les villages palestiniens. «Ces archives contenaient des détails précis sur la situation topographique de chaque village, ses voies d'accès, la qualité de ses terres, ses ressources en eau, ses principales sources de revenus, sa composition sociopolitique, ses affiliations religieuses, les noms de ses mukhtars, ses relations avec les autres villages, l'âge de ses habitants de sexe masculin (de seize à cinquante ans), et bien d'autres choses. (A suivre)