Dans la nouvelle coalition militaire de 34 pays musulmans destinée «à combattre le terrorisme», annoncée cette semaine par lʼArabie Saoudite, on trouve des poids lourds, comme le Pakistan, la Turquie, le Nigeria, lʼEgypte, certains ne participant pas à la précédente coalition sunnite formée pour combattre au Yémen. Dix autres Etats — dont lʼIndonésie — devraient rejoindre la coalition, une fois obtenu lʼaval de leur parlement. Son objectif nʼest pas de lancer des opérations militaires, du moins pour lʼinstant, mais de créer un centre opérationnel basé à Riyad pour coordonner les actions futures contre les groupes terroristes, en particulier lʼEtat islamique, en coopération avec la communauté internationale. Cette initiative viserait également à couper lʼherbe sous le pied de lʼIran et de ses alliés régionaux. Au sein du pouvoir saoudien, elle conforte le rôle du ministre de la Défense, lʼémir Mohammed Ben Salman. Certains observateurs le soupçonnant de disputer au ministre de lʼIntérieur, lʼémir Mohammed Ben Nayef, la responsabilité de la lutte contre le terrorisme. Sur un autre front, l'heure est aux grandes manœuvres pour les groupes djihadistes au Maghreb et dans le Sahel. Alors que lʼEtat islamique tente d'étendre son influence en Libye, tout en infiltrant le territoire tunisien, et que plusieurs factions islamistes algériennes lui ont fait allégeance, Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), dirigé par Abdelmalek Droukdel, tente de ressouder ses rangs. Lʼannonce récente par ce dernier du ralliement du groupe des Almoravides de Mokhtar Belmokhtar à AQMI est ainsi une réaction à la montée en puissance de lʼEI. Lequel avait mis à prix, lʼété dernier, la tête de Belmokhtar. Au sein même des Almoravides, des dissensions étaient apparues, en mai dernier, sur la question de l'allégeance au «calife» Abou Bakr al-Baghdadi, notamment parmi les membres subsahariens issus de lʼex-Mouvement pour lʼunicité et le djihad en Afrique de lʼouest (MUJAO) — lʼune des deux formations à lʼorigine des Almoravides, avec les «Signataires par le sang» de Belmokhtar. Ce dernier sʼest dʼailleurs toujours réclamé dʼAl-Qaida, malgré sa rivalité avec lʼémir dʼAQMI et sa rupture avec ce dernier en 2012. Pour Abdelmalek Droukdel, le ralliement de Belmokhtar est incontestablement une victoire. Il conforte sa légitimité à la tête de la branche maghrébine dʼAl-Qaïda et permet à son groupe d'être présent à nouveau sur les fronts saharo-sahéliens, où les Almoravides sont particulièrement présents, depuis leurs bases arrière du sSd libyen et du nord du Mali. Cʼest dʼailleurs en coordination avec AQMI que les Almoravides avaient effectué lʼattaque du 20 novembre dernier contre lʼhôtel Radisson Blu de Bamako.