Les tractations ont commencé voilà plus d'un an. Car ceux qui voulaient devenir sénateurs ont entamé leurs démarches avant même les élections locales. Ils ont choisi leurs postes tremplins au lendemain de la proclamation des résultats des élections locales. Le collège électoral avait entamé, mardi passé de bon matin, au niveau de l'ensemble des wilayas du pays, les opérations de vote pour élire, à travers un scrutin indirect, 48 membres du Conseil de la nation dont le mandat de six ans arrive à expiration. A Djelfa, comme partout ailleurs, la campagne électorale et les tractations ont commencé bien avant. Cette année, il n y a pas eu de candidats en dehors du FLN et du RND. Comme si le reste des partis s'est résigné à la défaite. C'est aussi une question de représentativité et de nombre d'élus par formation politique. Les élus dits en blanc, c'est-à-dire sans poste de responsabilité, espèrent négocier leurs voix. C'est la seule ristourne qu'ils espèrent, pour certains, percevoir. Beaucoup ont été déçus. Contrairement à la scène montée de la corruption, filmée et transmise jetant l'opprobre sur la wilaya de Djelfa et les Djelfaouis. Les camps étaient choisis. Il y avait quatre candidats : deux pour chacun des deux partis. Ce n'est qu'au dernier jour que le collège électoral s'est rendu compte que cette démarche bien qu'individuelle a mis fin aux spéculations. Des deux candidats rebelles, le plus dangereux au RND, le P/APC d'Ain El Bell, Abdelkader Lagouni, s'est retiré de la course après qu'il a mené une campagne où il avait reçu les assurances de ses électeurs. Selon des sources sûres, ce sont Ouyahia et Chihab qui l'ont contacté pour se retirer et rentrer dans les rangs. Auparavant, le candidat du FLN avait l'assurance de gagner la bataille du fait que ses deux concurrents potentiels évoluaient en rangs dispersés. Ses calculs étaient justes jusqu'au resserrement des rangs du RND. La tâche est désormais facilitée pour Belabbès. Qui relâche un peu la pression et s'engage pour la dernière étape. Quant à Naoum Bellakhdar, les données changent en sa défaveur. Il lui fallait mettre les bouchées doubles pour convaincre au moins une partie de ceux qui se sont engagés avec Lagouni. Il était seul à mener sa campagne. Il avait tout intérêt car une bonne partie de l'encadrement de son parti n'avait plus la cote. L'adage qui dit «il vaut mieux être seul que mal accompagné», lui a donné raison. Le mardi soir, lors du dépouillement, à chaque enveloppe ouverte, les chances de Naoum étaient intactes. Il n'avait à aucun moment perdu l'espoir. Surtout lorsqu'il dépassa la barre des 172 voix, représentant le nombre des élus du FLN. Chaque voix supplémentaire acquise valait son pesant d'or. Chaque voix supplémentaire était aussi un gage d'honneur. Tout le monde s'accordait à dire que le candidat du FLN s'est engagé avec la «taimoum» (façon de dire sans argent). Pour le RND, il a fallu attendre que la 205e voix soit annoncée lors du dépouillement pour que Belabbès et les pointeurs du rassemblement se soulagent. Une nouvelle feuille de pointage est alors ouverte pour chacune des deux parties en lice. A cette dernière étape, il y avait des barres placées par chacun des deux candidats. Les estimations étaient basées sur les engagements des électeurs du deuxième collège. Théoriquement, pour chacun des deux candidats, il y avait un nombre de voix acquises. Sauf qu'au final, il y a eu des absents et une quarantaine de bulletins nuls. La majorité des bulletins nuls ou presque contenait deux croix. Cette réalité faisait déduire qu'il y a eu bulletins tournants. Les bulletins tournants sont l'expression d'un achat de voix. Par qui ? Personne ne sait. Au décompte final, le RND s'adjuge 331 voix contre 285 pour le FLN. Si nous analysons le RND en réalisant ce score de 331 voix alors que ses élus ne dépassent pas les 205 au niveau de la wilaya. Il a convaincu 126 électeurs supplémentaires. Le FLN, par contre, qui ne totalise que 172 électeurs, a glané 285 voix, soit un gain de 108 soutiens par principe. Les analystes des bulletins annulés en double croix qui sont au nombre de 40. Il y a d'abord ceux qui diront quelques jours supplémentaires auraient permis à Naoum de convaincre beaucoup plus d'électeurs à sa cause. Ensuite, parmi les siens qui ne croyaient plus en sa réussite ont accepté de négocier leurs voix. Parmi eux, par acquit de conscience, ont ajouté la deuxième croix au bulletin tournant. Ils ont beaucoup plus pénalisé Naoum. Si les 40 voix ajoutées aux 285 un total de 325 voix comptabilisables à son profit. Il n'aurait pas gagné mais le parti s'en sortirait avec de moindres dégâts. Si la page ne sera pas tournée au FLN, il perdra plus de sièges aux prochaines échéances. Les accusations ont commencé dans les rangs du vieux parti, ceci n'augure pas des lendemains meilleurs. L'hirondelle ne fait pas le printemps, Naoum seul, remontera la côte, elle est difficile, il méritait mieux.
