Depuis quatre ans, la réforme de la Constitution est restée en attente, c'est vers la mi-décembre 2015 que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a annoncé, lors d'un conseil restreint, qu'il y aura, prochainement, une révision de la Constitution. Cet avant-projet, tant attendu, a été présenté, mardi dernier, par le chef du cabinet du président de la République, Ahmed Ouyahia. Le texte intégral finalement dévoilé, a été suivi par les réactions des partis politiques et personnalités intellectuelles. Entre ceux qui acquiescent, et ceux qui rejettent, chacun a argumenté ce changement de la manière dont il voit les avantages de ces amendements ajoutés ou le contraire. Ali Benflis, président de Talai El-Houriyet, s'est dit attristé par rapport à cette nouvelle réforme. «Près de cinq années de perdues pour le pays pour un résultat aussi dérisoire», a-t-il regretté. Benflis estime que la situation s'aggrave par «la vacance du pouvoir, l'illégitimité des institutions et l'accaparement du centre de la décision nationale par des forces extra-constitutionnelles qui sont au cœur de la crise de régime d'une exceptionnelle gravité». Le même responsable enchaîne dans sa déclaration, insistant sur le fait que «la Constitution est réduite à incorporer une logorrhée politicienne sans consistance, sans profondeur de vues et sans cohérence politique ou juridique» et, plus grave encore, «instrumentalisée par le régime politique en place à la seule fin de gagner des sursis et de durer». Pour sa part, le président du Mouvement populaire algérien (MPA), Amara Benyounès estime que «le Président a tenu l'ensemble de ses engagements par rapport à cette révision de la Constitution. La quasi-totalité des revendications et des propositions des différents partis politiques a été satisfaite». Même avis partagé par le Rassemblement national démocratique (RND), qui, par son porte-parole, Sedik Chihab, considère cette Constitution à la mesure des attentes de la majorité des citoyens. «Maintenant, c'est à nous d'être au niveau de cette Constitution », a affirmé le porte-parole, expliquant «cela veut dire que la classe politique dans son intégralité doit faire preuve de beaucoup plus de sérieux, beaucoup plus d'ingéniosité pour pouvoir avancer et porter ce projet démocratique». Sur l'officialisation de tamaghizt, Sedik Chihab évalue cette démarche comme outil pour «conforter l'identité nationale et renforcer, par la même occasion, l'unité nationale». Quant aux prérogatives apportées aux journalistes, par le renforcement de leur liberté d'expression et accès aux informations, le même responsable décrit cet amendement intégré à la nouvelle Constitution comme «quelque chose d'extraordinaire pour améliorer le système de gouvernance». Par ailleurs, dans un entretien avec le site d'information (TSA), le politologue Rachid Grim a affirmé qu'il trouve « le projet honnête et très équilibré. À l'exception du problème de la succession, il prend en charge toutes les préoccupations exprimées dont l'officialisation de tamazight, l'équilibre des pouvoirs, la saisine du Conseil constitutionnel par l'opposition. On est dans la logique de la démocratie apaisée dont le président de la République avait parlée dans son message (publié) à l'occasion du 1er Novembre dernier où il avait promis une Constitution qui mènerait le pays vers cette démocratie». Ainsi, le président a tenu ses promesses, a-t-il constaté.