Nabil Yahiaoui, chargé de communication de TAJ : "Ce sont des acquis qu'il faut sauvegarder et défendre" "Comme première lecture de l'avant-projet, nous dirons que tout ce qu'a demandé Taj a été satisfait. Je dois rappeler que notre parti a toujours fait preuve d'optimisme quant aux avancées qui seront contenues dans le texte de la loi fondamentale. L'officialisation de tamazight, l'instance de surveillance des élections, le rôle de l'opposition, le respect des libertés, la place de la femme... sont autant d'avancées à saluer, sans oublier bien sûr, la constitutionnalisation des Hauts conseils à la jeunesse, de la langue arabe, le Cnes... est aussi une bonne chose. Toutes ces décisions sont d'une importance capitale pour le pays. Ce sont des acquis qu'il faut sauvegarder et défendre. Il faut continuer le combat pour arracher d'autres acquis." Mohamed Douibi, président d'Ennahda : "Elle ne répond pas aux attentes des Algériens" n "Le pouvoir ne s'est pas départi de sa logique à vouloir tout imposer, loin du vrai esprit de consultation et de dialogue. Le refus de constitutionnaliser une commission indépendante de surveillance des élections est la preuve que ce régime, illégitime, tente d'instrumentaliser des revendications de l'opposition et de tout le peuple algérien afin de les vider de tout leur sens. Ennahda met en garde le pouvoir quant à une velléité d'exercer un chantage sur les Algériens par rapport à la crise économique qu'il tentera de manipuler pour ses fins. Notre mouvement confirme, une fois de plus, qu'il ne sera jamais partie prenante dans les chantiers initiés par ce pouvoir et par conséquent nous dénonçons un projet vide et qui ne répond pas aux attentes des Algériens." Meriem Saïdani, membre du conseil politique de Jil Jadid : "C'est une Constitution de désaveu" n "D'abord, je dois souligner que c'est une Constitution de désaveu. Le chef de l'Etat n'a fait que revenir sur deux points importants. Il s'agit, d'abord pour lui, de corriger le viol de la loi fondamentale de 2008, concernant la limitation des mandats et les prérogatives du Premier ministre. C'est une erreur qu'il a voulu corriger. Je dirai aussi qu'il s'est déjugé sur ce point précis, car il est la source de l'illégitimité de ses deux derniers mandats. Quant au second point, je dirai plutôt que le pouvoir reconnaît un rapport de force effectif de l'opposition, d'où l'officialisation de tamazight, qui est une revendication de l'opposition. Pour la Commission indépendante de surveillance des élections, un petit pas est franchi, mais nous devons attendre la loi organique pour voir plus clair." Abderrezak Makri, président du MSP : "Elle ne répond qu'aux seules orientations du chef de l'Etat" n "Après lecture du document, nous avons constaté que tout le temps pris et l'habillage médiatique fait autour du projet n'étaient en fait que des illusions et une tromperie de plus. Il s'est avéré que c'est un texte qui n'est pas consensuel, non réformateur et qui ne répond qu'aux seules orientations du chef de l'Etat et son entourage sans aucun lien avec les attentes de la classe politique. Nous avons noté aussi que ce texte consacre la pérennité d'un régime qui a fait en sorte que le Président gouverne mais n'est pas responsable. Ce texte ignore la notion de démocratie et les élections libres dans ses articles. C'est un texte qui n'a pas pris en compte la revendication d'une commission indépendante d'organisation des élections. Sur ce, nous rappelons qu'en Algérie, la problématique n'est pas liée aux textes de loi, mais dans un régime politique corrompu qui ne respecte pas les lois." Propos recueillis par Mohamed Mouloudj
Mohcine Belabbas, président du RCD : "Elle ne répond pas à la demande de l'opposition" "Le RCD note essentiellement le traitement de deux sujets qui concernent la légitimité des institutions et la cohésion de la collectivité nationale. S'agissant du premier point (...) qui renvoie à la protection du premier des droits du citoyen : la garantie de voir son choix électoral reconnu et respecté, le message appelle clarification et implique la plus extrême vigilance. L'annonce de la constitutionnalisation d'une commission de surveillance des élections apparaît comme une offre en trompe-l'œil destinée à entretenir la confusion pour reconduire les méthodes du passé, ce qui ne répond ni au problème crucial de la légitimité des institutions ni, par voie de conséquence, à la demande de l'opposition. (...) L'officialisation de la langue amazighe consacre enfin le combat de plusieurs générations pour une demande légitime et essentielle pour l'harmonie et la crédibilité des paramètres définissant le cadre devant accueillir notre destin collectif. (...) Il reste, cependant, à faire de cette avancée une pratique effective qui replace la dimension amazighe, langue, culture et histoire dans la vie publique. À cet égard, la promulgation de la loi organique et les termes dans lesquelles elle sera formulée doivent retenir l'attention des citoyens. Le reste du corpus de ce projet de révision est meublé par des annonces caractérisées par des généralités qui peuvent rester comme autant de vœux pieux (...). Répondre positivement dans le texte définitif à la demande de mise en place d'une instance de gestion des élections est le premier des tests qui permettra de vérifier les positions et les objectifs de tout un chacun." Amara Benyounès, secrétaire général du MPA : "La quasi-totalité des revendications ont été satisfaites" "La première chose importante pour nous est que le Président a tenu l'ensemble de ses engagements par rapport à cette révision de la Constitution. Il faut ajouter aussi que la quasi-totalité des revendications et des propositions des différents partis politiques et personnalités nationales, ont été satisfaites. En ce qui concerne les propositions du MPA, je dois souligner qu'elles ont été retenues, comme, par exemple, la sauvegarde du caractère démocratique et républicain de l'Etat, la consécration de toutes les libertés, le maintien du Conseil de la nation, le fait que le Premier ministre soit désigné parmi la majorité parlementaire... Il s'agit également du rajout de la Haute instance de surveillance des élections et aussi la constitutionnalisation de tamazight comme langue officielle. C'est une décision historique qui consacre l'aboutissement d'un combat de plusieurs générations, sur ce, je tiens à saluer le Président pour son courage." Ali Benflis, président de Talaie El-HourriYet : "Elle est instrumentalisée pour gagner des sursis et durer" "Maintenant que le projet de révision constitutionnelle a été rendu public, il ne m'a inspiré que des réactions attristées. Près de cinq années de perdues pour le pays pour un résultat aussi dérisoire. Près de cinq années de perdues pour le pays juste pour permettre à un régime politique d'avoir sa Constitution qui ne sera pas celle de la République et qui, en tout état de cause, ne lui survivra pas. Près de cinq années de perdues pour le pays alors que restent intacts la vacance du pouvoir, l'illégitimité des institutions et l'accaparement du centre de décision nationale par des forces extra- constitutionnelles qui sont au cœur de la crise de régime d'une exceptionnelle gravité dont le pouvoir politique en place s'obstine à détourner les regards de nos concitoyennes et de nos concitoyens qui ne sont pas dupes. Il est triste pour le pays que la Constitution de la République ait été réduite à incorporer une logorrhée politicienne sans consistance, sans profondeur de vues et sans cohérence politique ou juridique. Il est triste pour le pays que la Constitution de la République soit instrumentalisée par le régime politique en place à la seule fin de gagner des sursis et durer."