Saâdani , Benyounès , Ghoul , Benflis , Belabbès , Makri Si les acteurs de l'opposition rejettent ce projet, les partis proches du pouvoir acquiescent fortement. Toutes les formations politiques de la majorité présidentielle ont salué la révision de la Constitution. «Le président a tenu l'ensemble de ses engagements par rapport à cette révision de la Constitution. La quasi-totalité des revendications et des propositions des différents partis politiques a été satisfaite», estime Amara Benyounès, président du Mouvement populaire algérien. «La quasi-totalité des propositions du MPA ont été retenues», affirme-t-il, non sans relever la nouveauté en termes d'instance électorale. Pour lui, «la mise en plus de la haute instance de surveillance des élections va permettre une plus grande transparence». Cela sans oublier bien entendu «la constitutionnalisation de tamazight comme langue officielle», dit-il. «C'est une décision historique. C'est l'aboutissement d'un combat de plusieurs générations», soutient-il, résumant l'enthousiasme de tous les partis au pouvoir. En effet, que ce soit au FLN, dont le secrétaire général anime aujourd'hui une conférence de presse sur le sujet, le RND, ou encore le TAJ, le ton est franchement à l'optimisme. L'opposition insatisfaite Le projet de révision de la Constitution n'a pas pris en compte les revendications phares de l'opposition, à savoir la mise en place d'une instance indépendante et permanente de gestion des élections et l'instauration d'un régime parlementaire. Pour le MSP, «le projet portant révision de la Constitution, n'est ni consensuel ni profond et ne répond en réalité qu'aux orientations du chef de l'Etat et aux préoccupations de son entourage immédiat». «Le retard énorme accusé dans son élaboration, n'a servi à rien et les vagues promesses de la réforme profonde distillées sciemment à son sujet et le flou ayant entouré sa conception, constituent une diversion pour tromper la classe politique et l'opinion publique», est-il indiqué dans le communiqué de cette formation islamiste. Cette révision est qualifiée d'«énième manoeuvre politique du pouvoir qui s'offre ainsi une Constitution sur mesure pour se maintenir au pouvoir». «Le maintien du régime semi-présidentiel, qui ne ressemble à aucun autre système constitutionnel à travers le monde, un régime qui se caractérise par l'absence de la responsabilité du président.» «Le problème politique en Algérie ne réside pas dans les textes, mais dans la corruption du système politique, le piétinement de la réglementation et des lois en vigueur où les citoyens ne sont pas égaux devant la loi et la justice», a-t-on conclu. Le président du Talaiou El-Houriyete a souligné que «près de cinq années ont été perdues par le pays pour un résultat aussi dérisoire. Il s'agit juste de permettre à un régime politique d'avoir sa Constitution qui ne sera pas celle de la République et qui en tout état de cause, ne lui survivra pas». «Cinq années de perdues alors que restent intactes la vacance du pouvoir, l'illégitimité des institutions et l'accaparement du centre de décision nationale par des forces extra- constitutionnelles qui sont au coeur de la crise de régime d'une exceptionnelle gravité dont le pouvoir politique en place s'obstine à détourner les regards des citoyens qui n'en sont pas dupes», est-il relevé. Il est triste que «la Constitution soit instrumentalisée par le régime politique en place à la seule fin d'obtenir un sursis et de durer»,estime-t-on. Et il est triste que la «Constitution ne soit soumise à une révision que pour différer l'impératif retour au jugement du peuple souverain à l'effet de résoudre les deux grandes problématiques du moment». Il a signifié que «le mal profond dont souffre le pays n'a pas pour origine la Constitution, mais le système politique lui-même, un système qui sacralise ou violente la Constitution à sa guise». Le président du RCD, Mohcene Belabbès, a souligné que «l'annonce de la constitutionnalisation d'une commission de surveillance des élections apparaît comme une offre en trompe-l'oeil destinée à entretenir la confusion pour reconduire les méthodes du passé». «Cela ne répond ni au problème crucial de la légitimité des institutions ni, par voie de conséquence, à la demande de l'opposition», a-t-il commenté. Répondre positivement à la demande de mise en place d'une instance de gestion des élections est le premier des tests qui permettra de vérifier les positions et les objectifs de tout un chacun», dira-t-il. Par ailleurs, interrogé à ce sujet, Ahmed Ouyahia a rétorqué que «l'instance indépendante de gestion des élections est créée par des ONG occidentales, et souvent dans les pays où elle est mise en place, on aboutit à des guerres civiles». Une grande avancée pour tamazight Par rapport à l'officialisation de la langue amazighe, le premier responsable du RCD, estime que «cette avancée consacre enfin le combat de plusieurs générations pour une demande légitime et essentielle pour l'harmonie et la crédibilité des paramètres définissant le cadre devant accueillir notre destin collectif». Pour le président d'Ennahda, Mohamed Douibi: «Il n'y a pas eu de concertation avec les partis de l'opposition». «Au lieu de constitutionnaliser une instance indépendante de gestion des élections, il constitutionnalise une instance de surveillance pour tromper l'opinion publique et lui faire croire qu'il répond aux revendications de l'opposition», appuie-t-il. De son côté, le député du FJD, parti d'Abdallah Djaballah, Lakhdar Benkhellaf estime que «ce sont des amendements partiels alors qu'on espérait des amendements profonds». «Nous avons demandé une instance pour organiser les élections du début jusqu'à la fin.