Le feuilleton mouvementé du parti au pouvoir Nidaa Tounès a connu un épilogue provisoire... sous l'œil gourmand de Ghannouchi, leader du parti islamiste Ennahda. Commencé le 1er novembre par une rixe à Hammamet, le soap opera Nidaa Tounes a resserré les rangs ce week-end à Sousse. Ce fut un congrès politiquement stupéfiant. Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a quitté son statut de président de tous les Tunisiens pour revenir (il est président d'honneur) dans l'arène de la machine électorale qui l'a porté au pouvoir. Il a prononcé un vigoureux discours, faisant peu de cas des dix-neuf députés qui ont démissionné du bloc parlementaire de Nidaa à l'ARP. Des propos tenus sous les yeux de Rached Ghannouchi. Décontracté, l'homme - qui était l'ennemi absolu du parti créé pour BCE - a reçu un accueil chaleureux. Il était inimaginable en 2014 que les deux briscards de la politique tunisienne soient publiquement réunis dans la même salle. Allocution de Béji Caïd Essebsi avant celle de Ghannouchi Le cheikh d'Ennahda a ensuite gagné l'estrade et prononcé un discours. Rayon petites phrases, on accrochera celle-ci, ciselée à souhait : « La Tunisie est un oiseau dont les deux ailes sont Nidaa Tounes et Ennahda. » Applaudissements pour l'ornithologue. En omettant de citer les deux autres partis de la coalition gouvernementale, Afek Tounes et l'UPL, il a déclenché l'ire calculée de Slim Riahi. L'homme d'affaires à la tête de seize députés UPL à l'ARP a quitté les lieux, refusant de s'adresser à la salle.