Le cinéaste italien Ettore Scola est décédé mardi 19 janvier 2016 à Rome à l'âge de 84 ans. Il avait notamment réalisé Le Bal, Une Journée particulière ou encore Affreux, sales et méchants, pour lequel il avait été obtenu le prix de la mise en scène à Cannes. Auteur de près d'une quarantaine de films, il est considéré comme un maître de la comédie italienne. Ironique, audacieux, doux, mélancolique. Au lendemain matin de sa disparition, ce mercredi 20 janvier, Ettore Scola est salué comme l'un des grands maîtres du cinéma italien. Scénariste, réalisateur, l'homme qui vient de s'éteindre a mis en scène des noms comme Marcello Mastroianni, Sophia Loren, Vittorio Gassman, Fanny Ardant, Claude Rich, et bien sûr Nino Manfredi. Ettore Scola naît à Trevico, un village du sud de l'Italie, le 10 mai 1931. D'abord journaliste pour des revues satiriques, il entre dans le cinéma au début des années 1950 en tant que scénariste, avant de passer derrière la caméra en 1964, avec Si vous permettez, parlons de femmes. Pendant près de soixante ans, il réalise ensuite pas loin d'une quarantaine de films. Parmi ses chefs-d'œuvre : Nous nous sommes tant aimés (1974), Affreux, sales et méchants(1976), La Famille (1987), Une journée particulière (1977), ou encore Le Bal (1983). Il y a quelques années, le réalisateur octogénaire avait présenté un ultime documentaire à la Mostra de Venise, consacré à son ami intime Federico Fellini et écrit avec ses filles, Paola et Silvia. Cela s'appelait Qu'il est étrange de s'appeler Federico. Pour un cinéma engagé Les films de Scola ont raconté l'Italie de l'après-guerre et l'évolution de la société. Or, Ettore Scola était un homme engagé à gauche. Au début des années 1970, il tournait d'ailleurs des documentaires pour le Parti communiste italien. « Nous voulions changer le monde, mais le monde nous a changés. » Cette réplique désenchantée de Nous nous sommes tant aimés illustre bien la philosophie du maître de la comédie italienne vacharde, cruelle, désabusée. Ce film culte d'Ettore Scola raconte la sombre destinée de trois hommes entrés en résistance en 1944, avec pleins de rêves au début de l'après-guerre, dans une Italie traumatisée par le fascisme, à l'avènement de la République. Tous trois seront amants de la même femme, et ne pourront que constater le changement profond qui s'est opéré dans leur vie lorsque leurs routes se recroiseront bien des années plus tard. C'est l'histoire moderne de son pays, l'Italie, qu'ausculte en profondeur Ettore Scola dans ses films. Dans Affreux, sales et méchants, il met en scène sans tabou la vie quotidienne d'une famille du quart-monde dans un bidonville de Rome au début des années 1970. A sa sortie, cette comédie grinçante choque. Mais elle vaudra au cinéaste le prix de la mise en scène au 29e Festival de Cannes. L'année suivante, en 1977, Ettore Scola revient et marque encore les esprits, en offrant des contre-emplois à deux stars, Marcello MastroIanni et Sophia Loren, dans Une journée particulière. Il raflera le César du meilleur film étranger en 1978. Les hommages affluent La mort d'Ettore Scola, annoncée par les médias italiens mardi 19 janvier 2016, a rapidement suscité de nombreuses réactions. Sur Twitter, l'ancien président du Festival de Cannes Gilles Jacob rend un hommage appuyé à cette figure majeure du cinéma. « Je suis infiniment triste et orphelin, comme l'Italie », écrit-il. De leur côté, les titres de la presse italienne sont à l'unisson. Pour La Repubblica, Il Corriere della Sera et La Stampa, c'est « Adieu à Scola ». Le quotidien L'Unità se démarque, avec un vibrant « Nous t'avons tant aimé. Ciao Ettore Scola ». Plusieurs initiatives ont été prévues, dont une grande rétrospective pour lui rendre hommage.