Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était, hier matin, l'invité de la rédaction, Lyes Ferroukhi, directeur général du commerce extérieur au ministère du Commerce, a parlé de l'introduction du système des licences d'importations qui va, a-t-il affirmé, contribuer à éliminer les situations de monopole dans le marché national qui permettent à des opérateurs économiques de détenir des positions dominantes sur un ou plusieurs produits. Il a confirmé que le système des licences d'importations mettra fin, pour les produits européens contingentés, au système Fifo (premier arrivé, premier servi, first in, first out) qui donnait la possibilité à un seul opérateur de rafler tout le quota de produits et de dominer le marché. La position de monopole ne concerne pas que les produits importés, a précisé Lyès Ferroukhi, citant le cas du ciment pour lequel une entreprise nationale est arrivée à prendre 40% des parts de marché intérieur. La situation de monopole a été évitée grâce au Groupe public (Gica) qui a fourni 60% de la demande de ciment. Pour le DG du commerce extérieur, il faut laisser aux consommateurs le libre choix des produits qu'ils entendent acquérir, ce qui n'est pas possible s'il y a concurrence déloyale et situation de monopole. Selon lui, l'introduction récente de licences d'importation va contribuer à mettre un terme à cet état de fait, ajoutant que celles-ci seront délivrées par une commission interministérielle, chargée de fixer les contingents, «sans discrimination et en toute transparence», qui sont répartis sur l'ensemble des demandeurs. Il a rappelé que le projet de révision de la Constitution comporte un article (le 37) qui protège le consommateur. A propos de la situation de monopole, il tient à préciser qu'elle doit être prouvée par des chiffres qu'il est difficile d'établir, reconnaît-il, et il faut en plus prouver que l'opérateur qui est dans cette situation de monopole en abuse. Les produits contingentés sont le ciment, le rond à béton et les véhicules. D'autres produits, agricoles et agro-alimentaires, seront ajoutés à la liste, notamment les aliments de bétail qui ont coûté un milliard de dollars pour leur importation. Concernant les importations de médicaments, elles relèvent d'un dispositif mis en place par le ministère de la santé. Lyès Ferroukhi rappelle que l'instauration du système de licences d'importations est motivée par deux raisons : le déficit de la balance des paiements, qui est devenu une menace depuis la fin 2014, avec la chute des prix du pétrole, ce qui impose des mesures pour limiter les importations ; le risque créé par les importations sur la production nationale et sur l'emploi en Algérie. Ainsi, concernant les importations de véhicules destinés au transport des personnes et à celles des marchandises, leur nombre a été fixé à 152 000 unités. Pour le rond à béton, le volume à importer a été fixé à deux millions de tonnes contre trois millions précédemment. S'agissant du ciment gris, les quantités sont de 1, 5 million de tonnes et pourraient être augmentées en cours d'année si le besoin se fait sentir. Il signale que la limitation des importations de certains produits, durant les 11 premiers mois de l'année 2015, mais aussi d'autres facteurs dont la dévaluation du dinar, ont permis de réduire d'environ sept à huit milliards de dollars le déficit de la balance des paiements. Pour 2016, il pense que la réduction de ce déficit sera de six à sept milliards de dollars.
