Une intervention militaire de l´Union européenne avec la participation de pays arabes comme la Jordanie et les Emirats arabes unis en Libye, est de plus en plus envisageable en Europe. Cette proposition a été relancée, lundi, par la ministre italienne de la Défense, Mme Roberta Pinotti. Rome, dont les djihadistes libyens frappent en ce moment à ses portes se propose de conduire une intervention militaire internationale en Libye avec des pays résolument engagés contre Daech comme l'Espagne, la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni. Mme Pinotti a même donné des détails qui ne laissent planer que peu de doute sur la coalition qui se mettrait en place à partir du même scénario de l´intervention militaire conduite en 2011 par la France. L'Italie avait mis ses bases de Sicile à la disposition de cette coalition, ce qui laisse supposer aux yeux des experts qu'un plan est déjà au point. La ministre italienne de la Défense a d'ailleurs déjà assuré que «l'Italie mobiliserait ainsi 5000 soldats pour cette mission, estimant normal un tel engagement car la Libye est plus proche géographiquement de l'Italie qu'un pays lointain comme l'Afghanistan où a été déployé un important contingent militaire dans le cadre de la force de l'Otan (Isaf)». Ses propos ont indisposé à la fois l'Union européenne qui reste encore très divisée sur l'option adéquate en Libye libyenne que le propre chef du gouvernement italien. La Haute représentante à la politique extérieure et à la sécurité de l'Union européenne, l'Italienne Federica Megherini, s´est voulue depuis Madrid consciemment «ambiguë», sur la proposition de sa compatriote, au cours d'une conférence de presse animée en présence de M. José Manuel García-Margallo. «Un engagement militaire européen en Libye n´est pas envisagé au jour d'aujourd´hui - c'est à dire lundi - a déclaré Mme Federica Megherini, tout en reconnaissant qu´une telle intervention constituait l'une des options si les Nations unies la considéraient opportune». A ses côtés, le chef de la diplomatie espagnole déclarait, pour sa part, «partager totalement» ces propos exprimés sur un ton de plus grande prudence devant les journalistes. Federica Megherini attend d´abord de se réunir la semaine prochaine avec le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, le ministre égyptien de la Défense et l'envoyé spécial de l'ONU pour la Libye, Bernardino Léon Gross, afin de «définir les actions à engager» en Libye où l´Etat islamique a jeté les bases de Daech dans son fief qui s'étend de Derna à Tripoli. Les déclarations trop engagées et trop détaillées de Mme Pinotti, pour ne pas laisser penser que quelque chose de concret est en gestation, ont mis mal à l'aise le Premier ministre italien. Matteo Menzi qui a quelque part désavoué sa ministre de la Défense afin d'éviter tout «alarmisme» et de préserver l'unité des «28» entre les partisans de l'option forte et les hésitants. Le chef du gouvernement italien a reconnu que «la situation en Libye est incontrôlable depuis trois années, ce que nous avons dit à chaque occasion et continuons à le dire à la communauté internationale pour qu'elle puisse, si elle le veut, décider s'il est opportun d'envisager le type d'appui militaire nécessaire».