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Un enfant dans la guerre de Libération
Publié dans La Nouvelle République le 31 - 01 - 2016

L'auteur du roman autobiographique raconte un vécu collectif marqué par la lutte libératrice du peuple et la répression sanglante des colonisateurs. Tout se passe dans un environnement dont chaque élément doit rappeler des souvenirs d'enfance pour l'auteur, à l'exemple de «La Fontaine du roseau» à connotations rustiques bien qu'elle se situe dans une cité urbaine, Cherchell.
Le toponyme, éponyme du roman n'a pas dû être choisi au hasard tant il rappelle tous les noms de fontaines d'Algérie : Fontaines des poires, fontaine des boeufs, fontaine de Jugurtha, choisis par nos aïeux par référence à une situation géographique, sinon au goût de son eau à un événement historique ou à un illustre personnage.
Une citation dans la tourmente révolutionnaire
C'est un enfant de Cherchell qui parle des siens et de ses lieux familiers sur fond de lutte libératrice sacrée pour ceux qui l'ont menée même si elle a gâché la vie des enfants. Ces derniers qui, à l'âge des rêves et de la chaleur parentale, ont pleuré les leurs arrachés à la vie pour un idéal, se libérer du joug français. Ceux qui ont survécu, par miracle, ont vécu des situations périlleuses, subi des épreuves difficiles et pour peu que certains d'entre eux aient la plume facile comme Mohamed Cherif, ils témoignent par écrit de ce qu'ils ont vu ou de ce dont ils ont entendu parler ou souffert.
Et malgré les privations et l'insécurité, les plus jeunes de la révolution sont mentalement équilibrés et ont acquis par eux mêmes le sens des responsabilités. On assiste à une description pleine de connotations des lieux : maisons, murs anciens, rampes, port, embarcations. L'homme de plume fait partie de cet univers qui l'a vu naître, de sa population, des gens qui ont bercé sa jeunesse. Ainsi défilent dans sa mémoire, les lieux familiers : El-Marsa, le pêcheur, son grand-père Mouloud, sa grand-mère, Sidi Boulahrouz, Bab El Bougnasse, Sidi Mesbah, le Phare, le lieu appelé Ennakara par son aïeul, Mustapha Bouhada, Mouloud Roudj.
C'est à l'image de tous ceux qui ont gadé de leurs lieux de naissance : toponymes, noms de personnages importants, pratiques anciennes, recettes culinaires, malgré leur présence prolongée à Alger pour des raisons professionnelles.
Roman à vocation historique
Qu'ils aient eu l'intention au départ d'élaborer un roman psychologique ou épistolaire ou autobiographique, les Algériens ne peuvent pas ne pas rentrer dans le domaine de l'histoire contemporaine ou ancienne, tant elle est bien rentrée dans la vie de chacun. Notre histoire est multimillénaire et on s'y plonge par fierté, sinon par envie de retrouver des actes héroïques qui confortent chacun dans son identité algérienne.
Ceux qui ont honoré l'Algérie en sacrifiant leur vie, restent inscrits en lettre d'or pour servir de références aux générations montantes. Mohamed Cherif a mis cela en évidence par l'exemple des Algériens ui ont fait face à la répression fasciste de la colonisation par des exemples concrets, ceux de Ahmed Zabana qui a harangué ses frères de prison en criant que l'Algérie vaincra malgré la guillotine dont il a subi le supplice.
D'autres noms de chouhada ont servi d'illustration, comme Noufi Ahmed Abdelhak. L'auteur du livre a aussi souvent évoqué les siècles d'occupation romaine dont les vestiges sont nombreux à Cherchell : Arènes, amphithéâtres, cité urbaine, statues sont encore là pour en témoigner. Beaucoup plus que Tipasa, avec son tombeau e la Chrétienne sa ville en ruines d'il y a 2000 ans, Cherchell est restée le site le plus représentatif de la période des Romains partis vers 430, après une colonisation la plus dure pour les autochtones.
«La Fontaine du roseau » est un roman pas comme les autres. C'est une preuve de l'originalité de l'auteur qui a su donner du piquant à son livre par son talent d'évocateur de souvenirs des années de collège et de lycée. C'est ce pan du passé qui intéresse le plus les bons lecteurs. Mohamed Cherif raconte qu'il allait à Miliana pour ses études au cours d'une période paraissant être la meilleure parce qu'elle est émaillée d'anecdotes et d'aventures extravagantes.
Ce qu'il n'a pas oublié, c'est l'eau revivifiante de Miliana. Cette eau de source du Zaccar a véritablement éliminé toute trace de fatigue ou de stress. C'est ainsi que Mahmoud Cherif fait connaissance de la ville et ce grâce à ce liquide de la vie. Il a admiré à Miliana les arbres, les feuillages, la propreté des lieux, l'air doux provenant des sommets enneigés du Zaccar. Il a beaucoup admiré les tatouages d'une femme travaillant au lycée.
Quant à Ain Qciba qui semble l'avoir beaucoup marqué comme lieu de séjour dans son enfance, il a gardé en mémoire l'école coranique : Djamaa Laareb appelée aussi Errachidia et Chabiba. C'est toutes ses années d'enfance, les meilleures de sa vie qu'il y a passées.
Il ne savait pas encore que sa ville natale recèle des vestiges immenses comme les vestiges phéniciens, romains, turcs, français et qu'un vaste champ d'exploration l'attendait. Il ne faut pas oublier le long poème d'Achour Cheurfi que l'auteur a bien voulu insérer à son roman pour l'agrémenter.
Mohammed Cherif Ghebalou, «La Fontaine du roseau» ou Ain Qciba, roman Ed Empreinte Art. 2015, 143 pages


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