Des membres des deux Parlements rivaux, l'un basé à Tobrouk à l'est, et l'autre à Tripoli, ont signé, jeudi au Maroc, l'accord relatif à la formation d'un gouvernement d'union nationale. Parrainé par l'Organisation des Nations unies (ONU) et accueilli favorablement par les chancelleries occidentales, le texte en question est censé mettre fin à la crise que traverse le pays depuis la chute de Mouammar El Gueddafi, en 2011. Les grandes puissances impliquées dans le bourbier libyen ont besoin d'un interlocuteur représentatif de toutes les factions en guerre dans ce pays pour combattre le groupe Etat islamique (EI). Composé de 17 ministres, le gouvernement sera basé à Tripoli et dirigé par l'homme d'affaires Fayez Al Sarraj. Le texte prévoit aussi l'établissement d'un Conseil présidentiel pour une période de transition de deux ans, qui devra s'achever par des élections législatives. Ancienne puissance coloniale, l'Italie a organisé avec les Etats-Unis, dimanche dernier, une conférence à Rome pour préparer l'accord interlibyen. Inquiète de la montée en puissance de l'EI et de la menace qu'il fait peser sur ses intérêts économiques en Libye, l'Italie s'est dite prête à diriger une force de maintien de la paix sur le terrain, mais une fois obtenu l'accord des parties et avec un mandat de l'ONU. De leur côté, les Etats-Unis se sont déclarés disposés à fournir au gouvernement d'union nationale leur plein soutien politique et une aide technique, économique, sécuritaire et antiterroriste. Lézardes Cependant, l'accord est rejeté avant même sa signature par des membres des deux Parlements. Lors d'une réunion mardi à Malte, le président du Congrès général national (CGN) basé à Tripoli, Nouri Abou Sahmein, et le chef du Parlement reconnu réfugié à l'Est, Aguila Saleh, ont déclaré que ceux qui signeraient l'accord à Skhirat (Maroc) ne le feraient qu'à titre individuel et non au nom de leurs Parlements respectifs. Les chefs des deux Assemblées rivales poussent pour une «déclaration de principe» sur un gouvernement d'union, signée début décembre à Tunis, un processus alternatif à celui de l'ONU. L'accord «ne fera que compliquer la situation», a prévenu Mahmoud Abdelaziz, membre du CGN, hostile à l'accord. Il y a «deux gouvernements et deux Parlements. Maintenant, nous allons nous doter d'un troisième gouvernement au lieu de réunir les deux autorités rivales», a-t-il ajouté. Pour les deux responsables, l'ONU traduit l'ingérence des puissances étrangères dans les affaires intérieures de la Libye. Ainsi, la Libye risque de se retrouver avec trois Parlements si l'accord de jeudi n'est pas appliqué.