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De la compétence du changement
Publié dans La Nouvelle République le 05 - 03 - 2016

Tous les hommes sensés se posent légitimement des questions sur le changement lorsque la confusion et l'insécurité s'installent poussant l'homme commun à perdre espoir et sombrer à son tour dans le cynisme et le nihilisme. Lorsque l'homme ne se pose plus de questions ou ne trouve plus de réponses convaincantes alors il se réfugie dans le fatalisme, le déni de vérité ou dans la folie qui fait de lui un instrument supplémentaire dans l'insenséisme.
Qu'elle soit maléfique, maléficiante et maléficieuse ou bénéfique, bienfaisante et bienfaitrice dans sa synthèse, la force historique, agissante ou immobile, est une inertie dans le sens d'une force déjà en mouvement refusant d'être stoppée ou d'une force immobile opposée au mouvement. L'inertie exige par définition que lui soit opposée tant une force considérable pour qu'elle soit stoppée ou dynamisée qu'une perte d'énergie dans son mouvement ou une perte d'équilibre dans son immobilisme. Laisser une énergie se consumer ou un mouvement partir dans tous les sens sans leur opposer une résistance ou une force de redressement c'est fatalement s'exposer à l'entropie par la transformation chaotique en interne ou à subir la transformation imposée par l'extérieur. Croire que la société humaine ou que l'histoire n'exige que des forces matérielles et objectives c'est occulter le poids de la dimension psychologique et spirituelle, voire métaphysique, dans le rapport des forces. Les facteurs immatériels interviennent parfois comme effet d'amplification par synergie ou de réduction par effet de contre synergie selon la vertu de la persévérance ou la perversion de la puissance de leurs agents et de leurs environnements respectifs : {... ils dirent : « Nous n'avons aucune force aujourd'hui contre Jālout et ses soldats ». Ceux qui ont la certitude de rencontrer Allah ont dit : « Combien de petits groupes ont vaincu de grands groupes grâce au Vouloir d'Allah ! » Allah Est avec les persévérants.} {Lorsqu'Allah te les fit voir, peu nombreux dans ton songe, alors que s'Il te les avait montrés nombreux, vous auriez perdu courage et vous vous seriez disputés sur le sujet, mais Allah vous préserva du mal. Allah Est Tout-Scient de l'essence des pensées. Et lorsqu'Il vous les montrait, lorsque vous vous êtes rencontrés, peu nombreux à vos yeux et augmentait votre nombre à leurs yeux, c'est pour qu'Allah réalise un ordre qui devait être accompli.} Souvent nous n'agissons ni sur l'inertie ni sur ses causes, ni sur ses leviers, mais uniquement sur ses effets, voilà pourquoi nous demeurons démunis. Est-ce qu'il suffit de réclamer plus de droits, plus de justice et plus de libertés pour construire des contre-pouvoirs ou faire changer un système oppressif sans lui avoir opposé une réelle synergie sociale, une véritable force morale, une authentique conscience, une sincère volonté de changement. Nous agissons sur l'ombre et nous épuisons par conséquent du temps et de l'énergie sans efficacité sociale et historique. Ainsi nous participons à l'entropie du système et à l'immobilisme qui la précède. Souvent, nous nous contentons d'importer des modèles conçus pour d'autres époques, d'autres lieux, d'autres cultures, inadaptés à nos mentalités, à nos ressources et à nos problèmes. Souvent, nous évoquons le changement sans ses acteurs, sans sa direction, sans son cap, sans son intensité et sans ses étapes. Ainsi non seulement nous ne créons pas la dynamique de changement, mais soit nous la détournons soit nous la rendons impossible tant par notre confusion dans les idées et les évaluations que par notre manque d'efficacité et d'assiduité dans l'action et le travail. L'inertie, provoquée par la force en mouvement ou par la masse immobile, s'exerce, dans un espace et dans une histoire, sur trois principaux acteurs : l'individu, la société et leur environnement. Pour simplifier nous pouvons considérer l'individu et la société comme des psychologies, des mentalités, des volontés, des potentiels d'actions, des virtuels de projets, des possibilités de changement (de résistance au changement). La société vertueuse produit, facilite l'émergence et défend les individus vertueux, leurs idées et leurs actes. La société pervertie produit, facilite l'émergence et défend les individus corrompus, leurs idées et leurs actes. La société joue le rôle de terreau fertile, de pépinière, de facilitateur, d'amplificateur du bien ou du mal porté à titre individuel. L'individu à son tour peut porter les idées et l'éthique de la société pour les développer, les affiner et les conceptualiser jusqu'à en devenir le modèle par excellence. Cet individu peut aussi porter les idées contraires à sa société et tenter de changer ce qu'il veut changer dans la société en apportant sa vision personnelle, sa dynamique autonome, sa force de conviction. L'environnement de la société et de l'individu est en quelque sorte l'ensemble des conditions matérielles et immatérielles, de progrès ou de régression, d'ouverture ou d'autarcie, de servitude ou de libération, de guerre ou de paix, de sécurité ou d'insécurité. L'environnement joue un rôle d'opposant ou d'adjuvant dans le cheminement d'une société vers sa dynamique ou son inertie, vers son salut ou vers sa perdition. L'intensité, l'étendue et la durée du rapport de force entre l'opposant et l'auxiliaire va aboutir à une dialectique qui remet en cause la stabilité du système et le pousser à bouger dans un sens et une direction imposés par la ligne de rupture. En l'absence de dialectique nous assistons à une crise dont le dénouement sera lent, complexe et incertain. Lorsque l'individu agit sur la société la poussant à agir sur son environnement, la crise se résout et permet l'émergence des élites qui conduisent le changement. Lorsque l'environnement impose sa loi à la société et celle-ci brime ses intelligences alors la vertu et le progrès se perdent. Entre ses deux cas il y a plusieurs combinaisons dont celle de l'immobilisme et du blocage donnant l'apparence d'un insenséisme et d'une absurdité difficile à imaginer et sur lesquels il y a très peu de visées pour anticiper ou de leviers pour agir. Les phénomènes peuvent devenir plus complexes et plus désespérant lorsque l'individu devient un instrument de dislocation de la société. L'environnement peut fabriquer de fausses élites et les imposer comme modèles d'inspiration. L'artifice consiste à cultiver le sensationnel, la médiocrité et surtout le mimétisme qui aliène et transforme la collectivité humaine en un troupeau de proies insouciantes et de prédateurs cupides et inassouvis. Entre la société et l'individu il y a donc des interactions qui peuvent aller à la convergence ou à la divergence. Au sens propre et figuré nous assistons à une sorte de magnétisme entre la société et les individus à fort potentiel. La force magnétique sociale et les forces magnétiques individuelles peuvent s'ajouter ou peuvent s'opposer. S'il y a opposition il y aura fatalement une rupture en faveur de l'aimant qui a la plus grande force indépendamment de sa taille et de sa position. La force la plus faible va donc s'aligner sur le champ le plus fort et ajouter son intensité à la sienne tout en en s'orientant dans le même sens et sur la même direction. Les forces individuelles dispersées, de faible intensité et de sens imprécis ne peuvent devenir une alternative au champ social ni sa dynamique de changement ou de résistance. La seule issue pour conserver son autonomie de sens et d'orientation est de garder une bonne distance du champ social et des forces qui le composent. Il y a donc une confrontation entre le vrai et le faux et une interaction à la fois entre les composantes du juste et de l'injuste et leurs composantes internes. Ce sont toutes ces logiques qu'il faut tenter de comprendre avant d'agir et de devenir une partie prenante dans un système ou dans son opposition. Le croyant ne se définit pas pour servir ou se servir de ce système comme un opportuniste en quête de réussite sociale ou de succès mondain, mais pour réaliser son salut et celui des hommes avec qui il partage le temps et l'espace de vie. Dans cette quête de salut qui passe par la remise en cause du système du mal et son remplacement par le bien, le bon, le juste, le vrai et le beau nous avons l'enseignement des Prophètes, des réformateurs et des civilisateurs. Ils interviennent comme une réponse providentielle qui vient ouvrir les horizons et sauter les étapes afin d'empêcher le chaos sinon faire reprendre le cheminement de l'humanité après qu'elle ait gouté au châtiment divin. La réponse providentielle ne vient pas du néant, elle répond à une nécessité historique qui donne le primat aux peuples les plus « progressistes » ou les plus « vertueux », à une logique de préservation de l'espèce humaine. Souvent elle vient conforter l'attente du changement. Les Prophètes étaient attendus comme réformateurs, les uns se succédant aux autres. Dans un processus « normal » ou dans une situation exceptionnelle l'individu reste le moteur réel du changement par sa dimension psychologique, idéique et actanciel. La lucidité, le courage, la compétence, l'organisation et l'engagement des élites donnent de la consistance et de l'orientation aux initiatives sociales si et seulement si elles représentent la culture et la religion qui façonnent la mentalité collective, les souffrances et les attentes du peuple. Ces élites ne peuvent rien apporter en termes de force de changement si elles ne sont pas investies dans la pédagogie qui éveille les consciences humaines et si elles-mêmes elles ne sont pas le fruit de la pédagogie prophétique. La Société potentialise et accompagne les individus fédérés en moteur en apportant l'énergie, les organes de transmission et de direction ainsi que les freins, les accélérateurs et les différentiels du mouvement. Parfois c'est la société qui devient le moteur, l'individu joue alors le rôle de carte de navigation ou de bougie d'allumage qui produit l'étincelle qui met en marche le démarreur. Quel que soit son rôle, l'individu est toujours présent et actif dans l'effort social ainsi que dans l'environnement. En dernière instance c'est l'individu qui porte le changement : {Allah ne change point en la situation d'un peuple tant que celui-ci ne change pas ce qui est en lui} Coran Le processus de changement n'est pas le monopole de l'Etat ou d'un parti qui exerce sa tutelle idéologique et politique sur un peuple mis en situation
d'infantilisme et d'inaptitude. Les politiques et les idéologues du changement ont pour vocation de manager le changement et de communiquer sur l'accompagnement social, économique et culturel du changement qui doit être l'affaire du peuple. Pris dans ses routines et ses préoccupations, le peuple peut être assisté pédagogiquement à se poser les questions sur le changement : pourquoi changer, sans changement que va-t-il se passer, s'il y a changement il se fera dans quel cadre, avec quelles limites, dans quel contexte et pour quelles attentes, quelles sont les représentations du monde qui doivent changer pour avoir prise sur la réalité et avoir sens de la vérité. La démarche citoyenne est une philosophie de vie en commun par le partage des responsabilités et la promotion de l'initiative individuelle. Les rentiers et les empressés de pouvoir vont trouver que le peuple n'a pas les compétences de « philosopher ». Mais en vérité le changement commence par le renoncement à l'exclusion et à l'ordre établi : il faut débattre et seul le débat ouvert, permanent et récurrent va cristalliser la problématique du changement et imposer tant le cadre organique que l'organisation thématique et les étapes du changement. L'intellectuel n'a pas d'autre vocation que de manager le changement c'est-à-dire de communiquer les idées relatives au changement et d'exprimer les synthèses. C'est aux citoyens de fournir la matière à penser et de donner suite aux idées produites. C'est à eux de changer leur comportement et d'imposer de nouveaux comportements. L'intellectuel et le politique n'ont pas d'autre vocation que de fournir des modèles construits sur l'expérience et les attentes du peuple ou des modèles à expérimenter par le peuple si ce peuple consent à choisir ces modèles. La vocation de l'intellectuel n'est pas de demander le départ de tel gouvernant au profit de tel autre, mais de dire la vérité telle qu'il la conçoit grâce justement à sa capacité d'abstraction qui lui permet d'embrasser la complexité, l'étendue et les conséquences d'un phénomène. Le politicien n'a pas pour vocation de prendre le pouvoir afin de satisfaire sa soif de pouvoir ou de manger du pain, mais de conseiller les membres de la cité (polis) pour que leurs intérêts publics soient sauvegardés et leur prospérité étendue au plus grand nombre, en mieux et de façon plus durable et plus équitable. Dans un système fermé et vicié par la corruption et la répression, il est difficile de manager le changement. Il n'est pas demandé aux gens de jouer le rôle de provocateurs anarchistes ou de tribuns saltimbanques dans les foires électorales, mais de parler-vrai dans les limites de ses possibilités. Les expériences de changement dans le monde arabe ont montré la vanité des élites qui s'empressent de reconduire les schémas du parti unique, les modes de pensée archaïques d'une littérature musulmane produite par la décadence, et les importations de modèles occidentaux sans leurs référents idéologiques et civilisationnels comme si les idées et les organisations sociales pouvaient s'apparenter à l'importation au rabais des produits de cosmétique. (A suivre)


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