Le phénomène d'expulsion des familles prend de grandes proportions dans notre pays, un problème que le président du comité national SOS familles expulsées, Hakim Salmi, qualifie de «vraie bombe à retardement». Lors d'une conférence de presse, tenue hier au siège de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH), Hakim Salmi a souligné que «le vide juridique qui entoure le marché de la location et l'attribution de logements en Algérie est dans une large mesure à l'origine de l'exploitation d'une frange de la société (celle qui est en quête d'un logement) par une autre (celle qui en est propriétaire). Conséquence ? Le marché de la location est hors de prix, l'achat d'un appartement est inaccessible : 1 500 familles à l'échelle nationale sont expulsées ou menacées d'expulsion», ajoutant que ce chiffre ne reflète en réalité que les familles qui se sont rapprochées du Comité SOS expulsion (LADDH, aile Zahouane). «En réalité, le nombre de familles qui se retrouvent du jour au lendemain à la rue est beaucoup plus important. Les grandes villes, à l'instar d'Alger, Oran, Constantine et Annaba viennent en tête de liste des régions ayant connu un grand nombre d'expulsions. Les premiers cas recensés sont liés au conflit d'héritage», a-t-il indiqué. Ce militant des droits de l'Homme a signalé, toutefois, que «des locataires qui ont occupé des logements depuis des décennies ont été forcés de libérer ces maisons par la nouvelle génération. Dans la plupart des cas, les héritiers veulent reprendre la propriété pour la revendre». «Autrefois, la location était considérée par nos grands-parents comme un moyen de protection pour la dignité des familles. Des maisons ont été louées à des prix symboliques. Et lorsque le locataire éprouve des difficultés à payer, le propriétaire le met à l'aise», se souvient Hakim Salmi. «Le tort des familles qui se retrouvent à la rue au niveau de la capitale c'est de respecter la loi», a estimé le responsable. Selon lui, un enfant qui voit ses parents expulsés par la police sera traumatisé à vie. «Il va détester la police, le pays et tout ce qui le symbolise», rappelant que «les droits de l'enfant commencent d'abord par le droit à l'abri», tout en estimant que même dans le cas où l'expulsion est légale, «l'Etat doit prendre en charge la famille expulsée».