Utilisé comme moyen de «juguler» la violence dans les stades de football algériens, le huis clos est devenu légion et un classique pendant chaque journée de championnat, «tuant» la passion du sport roi alors qu'aucune alternative n'a encore été trouvée pour permettre aux fans de vivre avec ce phénomène sans la peur au ventre. Après une relative accalmie enregistrée lors de la première partie de la saison avec un bilan de 13 matches joués à huis clos, dans les deux Ligues professionnelles, la phase retour a apporté son lot de «mauvaises nouvelles» avec 15 rencontres sans public dont 4 avec sursis, au terme de la 21e journée, sans parler des divisions amateur et inter-régions qui ont battu tous les records, notamment après les sanctions infligées au CR Village Moussa et à l'USM Annaba (huis clos jusqu'à la fin de la saison). Ce ne fut donc qu'une baisse temporaire, dans la mesure où les vieux démons ont ressurgi dans les gradins des stades algériens et même en dehors après pratiquement chaque match. «Je regrette le retour du huis clos dans nos stades, cela prouve que la violence n'est pas totalement éradiquée. De notre part, nous sommes devenus encore plus sévères dans le traitement des affaires liées au fléau de la violence. Les sanctions ont été revues à la hausse», a affirmé le président de la Ligue de football professionnel (LFP) Mahfoud Kerbadj. Pour le premier responsable de l'instance dirigeante de la compétition, «aucune autre alternative» n'existe pour le moment comme moyen de combattre le fléau de la violence. «Le huis clos est une sanction qui existe dans le code disciplinaire régissant la compétition nationale. Pour le moment, il n'existe aucune autre alternative du moment qu'il y a des règlements bien précis à appliquer, selon la gravité des cas», a expliqué Kerbadj, soulignant que le retour de la sanction des matches sans public est expliquée par «l'enjeu des rencontres aussi bien pour les clubs qui visent le podium que ceux jouant le maintien». Les clubs refusent le huis clos et proposent d'autres alternatives De leur côté, les responsables des clubs refusent la sanction du huis clos qui pénalise, selon leurs propos, et les supporters et leur équipe, contrainte de jouer devant des gradins vides sans le moindre encouragement, «tuant» la beauté du sport. «Pour moi, le huis clos est loin d'être une solution fiable et durable pour combattre la violence dans les stades. Priver le public de voir son équipe n'est pas fait pour assurer le spectacle, car les supporters font partie du décor et un match de football sans public perd beaucoup de son charme», a analysé le président du Paradou AC (Ligue 2) Kheireddine Zetchi. Le président du PAC propose «une levée du huis clos par une grosse amende financière ou défalcation de points», soulignant que cette alternative est «l'unique» solution pour «contourner les règlements». Le président du MC Alger, Achour Betrouni, à l'instar de son collègue du PAC, estime que le huis clos n'a pas lieu d'être en championnat. «Le MCA a été souvent privé de son public, notamment la saison dernière, en raison du comportement irresponsable de certains supporters. Je propose aux responsables d'imiter ce qui a été fait au niveau des stades anglais qui ont réussi à combattre le hooliganisme en interdisant l'accès au stade aux fouteurs de troubles», a avancé le patron mouloudéen. Chez les supporters, les premiers visés par la sanction, c'est le même ton qui se dégage de leurs propos : refus catégorique du huis clos. «Il faut éviter de généraliser car il existe une frange de supporters qui sème la zizanie dans les tribunes et ce n'est pas tout le monde qui doit être mis à l'index. La fermeture partielle des gradins est une solution de rechange, comme c'est le cas en France ou en Italie», propose Mohamed, un fan du MCA accosté par l'APS. Devant cette situation, la Fédération algérienne de football (FAF) a appelé, lors de la dernière réunion de son bureau fédéral, la LFP à renforcer les mesures d'encadrement des matchs et à «ne tolérer aucune forme de violence dans les stades ou négligence susceptible de compromettre le bon déroulement des championnats». Pour conforter davantage le système d'encadrement des rencontres, il a été décidé de créer un panel de commissaires aux matches dont le profil et le niveau doivent répondre aux exigences de la compétition. La saison dernière, le derby algérois entre le MCA et l'USMA, l'un des rendez-vous les plus suivis du championnat, si ce n'est le plus suivi, s'est joué dans ses deux manches à huis clos, au grand dam des supporters des deux camps. Au total, 58 matches se sont déroulés à huis clos lors de la saison 2014-2015 dans les deux Ligues professionnelles de football, 1 et 2. En Ligue 1, 34 matches se sont joués en l'absence du public, dont 9 de la JS Kabylie dans l'affaire du décès de son attaquant camerounais Albert Ebossé, survenu le 23 août 2014 au stade du 1er-Novembre de Tizi Ouzou.