Allmuth est allemande d'origine, mais elle dit qu'elle est algérienne de cœur et d'esprit. Diplômée en pâtisserie, ingénieur en génie mécanique, dessinatrice industrielle, pratiquant la broderie, cette amoureuse de la photo a mille cordes à son arc. Elle est mariée à un Algérien et vit à l'ouest d'Alger. Elle est venue à la photographie par amour et préfère pratiquer le noir et blanc. Pourquoi ? Parce que pour Allmuth, le «noir et blanc» représente toutes les couleurs et la photo en noir et blanc reste très forte, très expressive aussi, mettant en évidence les émotions des personnages. J'avais remarqué Allmuth aux différents vernissages d'artistes, je voyais souvent cette dame, se fondre dans la foule et attendre le bon moment pour appuyer sur le bouton de son appareil. Elle ne prenait pas la photo des œuvres, mais elle photographiait les gens regardant les œuvres, ou plutôt l'expression de ces gens devant des œuvres artistiques. Je l'avais retrouvé à la salle «Baya» du Palais de la Culture, lors de l'atelier de peinture pour enfants, organisé par les artistes Jaoudet Gassouma, Noureddine Hamouche, Smaïl Ouchène et Amal Benghezala, en marge de leur exposition de peinture «Diaf Baya» (les hôtes de Baya). Elle suivait le mouvement de chaque enfant, de chaque adulte, allant d'un groupe à un autre, toujours discrète et essayant de se fondre dans le décors, essayant de figer un mouvement, un regard, un sourire ou une expression spontanée. D'ailleurs elle a participé à cette exposition avec une photo, noir et blanc bien sûr, d'un moment qu'elle avait immortalisé lors de l'atelier de peinture en question qu'elle avait intitulé «l'enseignant», une photo montrant une femme enseignant la peinture à un enfant...un symbole fort, une réalité quotidienne de la femme qui transmet le savoir et la connaissance. Pour Allmuth, la photo est un élément puissant qui doit dégager une beauté, une poésie et fixer à jamais des instants de bonheur... Allmuth Bourenane a réussi son pari : nous faire aimer la photo.