Plusieurs événements en relation directe avec la production sidérurgique nationale devraient intervenir avant la fin de ce mois de mars. Il s'agit de la réunion des membres du Conseil de participation de l'Etat (CPE) appelés à entériner la décision portant rupture du contrat de partenariat signé en octobre 2001 avec le groupe indien ArcelorMittal, le leader mondial de l'acier. Lors de cette réunion, les mêmes membres devraient étudier les propositions de dénomination et du sigle à donner à ArcelorMittal Algérie, de fabrication des pipes et tubes et celle des mines de Tébessa. C'est donc un retour à la case de départ décidé par le gouvernement algérien après 15 années de gestion sans partage du groupe indien, leader mondial de l'acier. La gestion de la société pompeusement affublée du titre «ArcelorMittal Algérie» avait été caractérisée par des reculades, contestations et la baisse continue de la production de l'acier. Ainsi, depuis le 7 octobre 2015, les trois sociétés sont théoriquement passées sous le contrôle de l'Etat algérien. Comme pour la réduction de ses parts d'actifs du capital social passant de 70 à 49%, le groupe indien s'est laissé faire sans réagir. Ce qui a étonné plus d'un, compte tenu que le grand patron indien du groupe ArcelorMittal est connu pour être quelqu'un qui abhorre toute forme de prodigalité. Ce que confirme du reste le fait qu'il n'ait pas investi un seul cent en Algérie. Mieux, l'Indien avait réussi la gageure de disposer du complexe sidérurgique El-Hadjar, le fleuron de l'industrie nationale, sans aucune participation financière. Sur sa lancée, il avait mis out, sous une forme ou une autre, 12 000 sur les 18 000 cadres et agents que comptaient ses effectifs. «Nous comptons énormément sur vous pour reprendre sérieusement les choses en main et relancer la production du fer et de l'acier nécessaire pour le développement de notre pays», avait lancé aux travailleurs le Premier ministre Abdelmalek Sellal lors de sa récente visite de travail dans la wilaya de Annaba. L'allusion à la défection des Indiens était claire. D'autant que stimulé par la passivité des responsables algériens, le leader mondial de l'acier avait même ordonné la mise au rebut de la cokerie et d'autres installations. Ce n'est qu'après l'alerte donnée par des experts quant à l'arrêt du Haut Fourneau qu'il a freiné quelque peu son appétit. Pas pour longtemps. Même si les fournisseurs retenus pour la réhabilitation de la chaude zone estimée à 900 millions de dollars sont sud-africains et russes, l'Indien paraît avoir réussi à imposer sa présence en contrepartie sonnante et trébuchante. D'où la question que d'aucuns se posent sur le pourquoi transige-t-on avec le groupe ArcelorMittal à l'origine du pillage de la sidérurgie algérienne. «ArcelorMittal activera uniquement durant la période de transition coïncidant avec la fin du programme de réhabilitation», nous a-t-on expliqué. C'est dire que même si ses représentants seront présents durant cette phase, le règne du groupe ArcelorMittal en Algérie est bel et bien fini. Ces aspects seront certainement pris en considération par les membres du CPE lors de l'étude des candidatures au poste de directeur général de la nouvelle entité industrielle de sidérurgie sous tutelle du groupe algérien Imetal. Son installation devrait intervenir rapidement pour assurer un bon suivi de la dernière phase de l'opération revamping, prévue pour s'achever en mai 2016. L'on attendra donc les décisions du CPE pour en savoir plus sur la reconfiguration du CA et la désignation du directeur général de la nouvelle entité sidérurgique. L'on a déjà démenti le fait que Chiboub Hasnaoui l'actuel DG du CA/Sider ait été pressenti pour ce poste. Et dire qu'en 2001, pour augmenter le niveau de production, les trois filiales avaient été cédées au dinar symbolique à Ispat devenue par la suite ArcelorMittal. Augmentation de la production sidérurgique, pas de licenciement des effectifs et transfert technologique avaient été les seules conditions des Algériens. Ce que le partenaire indien n'a pas respecté contrairement à la partie algérienne. Le groupe ArcelorMittal n'a pas investi, a licencié à tour de bras, a réduit la production de l'acier de 800 000 à 300.000 tonnes/an de 2001 à 2015, a régné sur la gestion du complexe sidérurgique El Hadjar et a exploité les compétences algériennes placées sous l'autorité d'une dizaine de cadres français et indiens. Sous d'autres cieux, c'est devant le tribunal de Paris que ce groupe aurait comparu pour répondre du préjudice généré par la faillite à laquelle il a entraîné la sidérurgie algérienne. Qui dit que sous l'impulsion du groupe Imetal, le CPE ne déciderait pas de cette démarche ?