La décision de récupérer la totalité (100%) du capital social d'ArcelorMittal Pipes et Tubes Algeria (Ampta) devrait être prise dès le mois de juin prochain par le Conseil de participation de l'Etat (CPE), ce qui mettra définitivement un terme aux calculs dans lesquels se démène le groupe franco-indien du Luxembourg. Dans une tentative de puiser davantage dans les caisses du Trésor public algérien, ce dernier multiplie, via sa direction générale de Annaba, les opérations d'importation de produits sidérurgiques finis sous étiquettes «semi-fini». La démarche lui permet de transférer légalement des fonds tout en évitant d'avoir à payer le fisc algérien. Selon des explications fournies par le directeur général de l'entreprise portuaire de Annaba au ministre des Transports Amar Ghoul lors de sa récente visite de travail dans la wilaya, ArcelorMittal Annaba envisage à l'horizon 2018, d'importer annuellement de ses usines à travers le monde, 2,7 millions de tonnes de produits sidérurgiques. D'où la question que se posent les économistes algériens quant à l'utilité de réhabiliter pour 1 milliard de dollars, des installations de production du complexe sidérurgique El- Hadjar. Il s'agit aussi de connaître les limites d'intervention du conseil d'administration de cette société au capital social à 51% propriété algérienne. L'on a l'impression que le DG ArcelorMittal Algérie, un proche collaborateur du patron du groupe franco indien au Luxembourg, fait ce que bon lui semble. Le comble est qu'au programme de ce même groupe, plusieurs installations de production du complexe sidérurgique El-Hadjar devraient être définitivement mises à l'arrêt. La direction générale multiplie également les provocations vis-à-vis de ses salariés. C'est à se demander si la décision d'un capital social à 51 % algérien n'était pas le résultat d'un deal préjudiciable à l'Algérie. Actuellement filiale ArcelorMittal Algérie encore propriété du groupe leader mondial de l'acier à hauteur de 70% au capital social pour seulement 30% à Sider, Ampta est constamment soumise à des perturbations. Elles ont pour conséquence des débrayages provoqués par quelque 350 salariés. La toute dernière grève générale illimitée est celle entamée le 1er mai dernier. Elle est aujourd'hui à son neuvième jour. Et ce, même si les syndicalistes de Ampta, leurs homologues du conseil syndical et du Comité de participation de l'entreprise et les représentants de la direction générale étaient, ce dernier jeudi, à Hydra au siège du groupe «Industries métallurgiques et sidérurgiques» (Imetal). Ils y étaient attendus par le directeur général Boudjemaa Talai pour débattre de la crise socioprofessionnelle à Ampta. Anciennement unité Tuberie sans soudure (TSS) elle est la seule en Algérie à produire les tubes sans soudure destinés à la réalisation des pipes et des forages au profit principalement de Sonatrach et Sonelgaz. La renationalisation du complexe sidérurgique et de la TSS les deux seules entités économiques véritablement productrices de richesses et d'emplois semble être l'objectif que s'est fixé d'atteindre le CPE. Ce dossier sera abordé également le mois de juin lors de la réunion des membres de cette instance appelée à discuter la feuille de route applicable aux 12 entreprises du groupe Imetal. Pour bon nombre de nos interlocuteurs, il ne s'agirait pas de faire des propositions au partenaire étranger mais d'imposer le rachat de la totalité des actions Ampta. C'est dire l'échec de la politique de privatisation appliquée il y a quelques années par le gouvernement algérien. Elle est à l'origine de l'arrivée de véritables aigrefins bien imprégnés des problèmes structurels auxquels sont confrontées nos entreprises. Si elle venait à être matérialisée, la nationalisation de la TSS pourrait ouvrir l'appétit de nos décideurs après les malheureuses expériences de la privatisation vécues par nos entreprises. Pour l'heure, la situation à TSS est au pourrissement. Ainsi en a décidé la direction générale ArcelorMittal Annaba basée au complexe sidérurgique El-Hadjar. Pour expédier l'affaire, la procédure aurait consisté à sanctionner quelques agents grévistes qualifiés de meneurs. Aidée par des cadres acquis à sa politique, la DG s'est livrée à des manœuvres pour mettre au pas des salariés au motif d'agents perturbateurs. «Ils ont tenté de virer comme des malpropres des salariés sous le prétexte qu'ils ont commis des actes ayant entravé l'exercice de la liberté de travail. Tout le monde a constaté que le personnel menait pacifiquement leur mouvement de grève provoqué conformément à la loi», a affirmé un des syndicalistes. Il a ajouté : «en sollicitant l'aide de quelques membres du conseil syndical connus pour leur opportunisme, les décideurs de la DG ArcelorMittal Annaba tentent de se débarrasser d'employés considérés comme insoumis».