Un accord est intervenu il y a quelques jours entre le groupe leader mondial de l'acier ArcelorMittal et le groupe algérien Imetal. L'accord porte sur la cession à ce dernier de la totalité des 49% actions du capital social encore détenues par ArcelorMittal Algérie. Imetal devient, donc, le seul et unique propriétaire du complexe sidérurgique El-Hadjar, initialement filiale ArcelorMittal Algérie (AMA), celle d'ArcelorMittal Pipes et Tubes (Ampta) et celle d'ArcelorMittal Tébessa (AMT). Ce résultat a été atteint grâce à la seule volonté du président de la République Abdelaziz Bouteflika. Mercredi dernier, en présence du représentant du groupe ArcelorMittal du Luxembourg, le ministre de l'Industrie et des Mines Abdessalem Bouchouareb, en visite de travail et d'inspection à Annaba, a confirmé cette reprise à titre gracieux. Bien qu'il ait donné quelques détails dans la constitution du capital social, le ministre est resté très prudent quant à la démarche entreprise par les autorités algériennes pour procéder à cette restructuration. Rejetant le terme «nationalisation» pour admettre celui «étatisation» il s'est attardé sur le plan de réhabilitation des installations. S'il a souligné que celle-ci prévoit d'augmenter rapidement la production, il est, par contre, resté silencieux sur la question des effectifs et sur l'actif et le passif laissés par ArcelorMittal Algérie. Il y a comme un brouillard sur la forme de la transaction révélée. Dans ses écrits transmis aux médias quelques heures auparavant, la direction générale ArcelorMittal Algérie a estimé que l'investissement sur le haut fourneau va permettre l'acquisition de nouveaux équipements. Ils sont à même, affirment les signataires, de contribuer à améliorer la sécurité des hommes et des installations, les conditions de travail ainsi que la fiabilité et la performance de l'installation. Comme ils ont annoncé que le même investissement prévoit la formation du personnel du haut fourneau aux nouveaux équipements. Cette formation sera dispensée par le fournisseur en charge de la réfection tout autant que celle de mise à niveau et de maîtrise du process. Tant d'engagements déjà entendus durant les cinquante années de vie du complexe sidérurgique. En vain, puisque, exception faite de la période de gestion publique avec ses hauts et ses bas à hauteur du million de tonnes/an, la production de l'acier à El-Hadjar a rarement dépassé les 600 000 tonnes/an dés la privatisation au profit des Indiens de la société Ispat devenue ArcelorMittal. Et si des 100 millions de dollars de participation à l'investissement qu'il devait engager en 2001, pas un seul cent n'a été versé par l'investisseur indien, la production baissera à 300 000 tonnes/an. Alors qu'ils étaient censés apporter leur savoir-faire, les cadres expatriés se sont limités à une présence physique sur le terrain en percevant des salaires mirobolants. Du savoir-faire, ce sont les Algériens qui en avaient à revendre. Pour preuve la bonne maîtrise de ces derniers dans l'exploitation des installations et la multitude de pannes qu'ils ont rapidement décelées et réparées. Et comme s'il avait bien planifié ses actions, ArcelorMittal a omis d'engager des investissements pour importer des produits semi-finis dont les billettes. Préalablement, ses représentants au complexe El-Hadjar ont fermé la cokerie et l'unité étamage. C'est pourquoi, les travailleurs et leur syndicat ont accueilli avec satisfaction cette restructuration et l'implication d'un fournisseur ukrainien au titre de prestataire de service pré-réhabilitation. Des sources qui restent à vérifier, affirment que le fournisseur en question serait le groupe ukrainien Metinvest ayant siège à Marioupol, une ville portuaire dans l'oblast de Donetsk. La fin de la rénovation des travaux de la zone chaude, dont le haut fourneau n°2, est programmée pour le début du mois de mars 2016. Le haut fourneau n°2 a été réalisé par ce même groupe sous l'ère soviétique. C'est pourquoi, le gouvernement algérien l'aurait retenu contre l'avis du groupe ArcelorMittal. Ce qui expliquerait la présence très effacée de ses représentants expatriés durant la visite ministérielle. Il y a bien eu ce préambule du directeur général d'AMA intervenu avant que ce dernier ne donne la parole à son homologue du groupe Sider pour expliquer le plan de réhabilitation. Faudrait-il encore relever le défi de la relance de la production prévue pour atteindre 2,2 millions de tonnes d'acier liquide/an. Ce qui n'est pas sûr sauf si les médiocres bien introduits à l'Assemblée populaire nationale grâce à la «chkara » soient définitivement mis hors d'état d'exercer leur mauvaise influence.