Trop de choses, à mon humble avis, ont étés dites et redites à propos de l'invasion culturelle, ce porte faiblesse dont se servent tous les vaincus et autres incapables, pour expliquer et argumenter leur cinglante défaite et leur déroute. C'est devenu une règle, pour nous les tiers-mondistes, de justifier... l'injustifiable ! Certains, vous diront, par exemple, lors d'un tragique déraillement d'un train que cet accident est dû au «Maktoub» et ne vous attendez, surtout pas, à ce qu'ils vous disent, par exemple, que l'accident est dû à la défectuosité du réseau ferroviaire, à la surcharge et enfin au non-respect des mesures de sécurité tout simplement. Rares sont ceux qui avouent leur incapacité et leur négligence mais nombreux sont ceux qui louent leur vertu et leur qualité surtout à l'approche des... élections genre et type «Nadhifa Wa Naziha» Décidément, nos ancêtres berbères... arriérés ont tout dit. J'ai dit arriérés parce que, une toute autre génération, celle-là plus... éveillée, a pris le relais et le flambeau et tente d'inventer la... roue en reniant ce fabuleux et inestimable héritage transmis. Laissons les conflits de génération de côté et voyons ce qu'a dit le proverbe du terroir: « Lâayadh Ayekrane Ghaffouchène Yekkar Ghar Thaghat 1 » En jouant à notre favori exercice et sport «Khalef Touâaraf 2», j'ai essayé, une fois n'est pas coutume, de pointer mon index vers ma propre...poitrine, façon de me culpabiliser et de m'accuser. L'expérience a tourné à ma défaveur car je me suis retrouvé avec une entorse au doigt ! C'est depuis ce jour là, que j'ai juré de ne plus rééditer cette malheureuse expérience! N'est ce pas, mes amis, que c'est plus facile de pointer son index vers une autre poitrine, pour ménager son doigt et s'épargner les... blessures? Il n'existe point d'invasion culturelle, si nous n'avions pas déjà les prédispositions à la subir, comme l'a si bien détaillé notre grand penseur Malek Benabi (Allah Yerrahmou) dans ses nombreux et sublimes ouvrages. Ibn Khaldoun, aussi, avait bien analysé ce phénomène avant de conclure dans la Mokaddima (introduction) : «Al Maghloub Youkallidou Wa Yakhdhâou Li Hazimahou 3» Cette invasion culturelle que nous présentons à nos enfants sous forme de...Bourrourou ou Monstre qui, toutes griffes dehors, s'apprête à les dévorer tous crus, n'est en réalité qu'un bouc émissaire, tout désigné, pour pallier nos échecs et faiblesses et fuir nos responsabilités culturelles. La phobie et la fixation de cette philosophie défaitiste dans notre pensée et mental, nous prive de toute analyse sensée, rationnelle. Une rationalité qui ramènerait cette incursion culturelle à sa juste valeur et éviter, ainsi, son amplification démesuré. Une analyse objective, dénuée de toute émotion et passion, nous permettrait, certainement, de mieux comprendre les raisons de «l'invasion» afin de créer cet «antidote culturel» qui immuniserait nos enfants en proie au vide culturel et face à la perte de repères susceptibles de les guider vers les sentiers sereins d'un avenir où le spectre d'un «globalisme» se profile déjà à horizon. Un avenir qui sera sans scrupules et sentiments à l'égard des faibles et minus. Les grands, seuls, éliront place dans un monde de globalisation où la palme reviendra à ceux qui influent et non aux influencés. Alors, messieurs, qu'avons-nous à proposer aux autres, à part nos querelles byzantines et nos dépendances «culturelle, alimentaire et parfois même... politique?» Allons-nous nous présenter, au rendez-vous mondial, avec le... «butin de guerre» ou peut être, tout simplement, sous la bannière et banderole de notre... tuteur culturel? En songeant aux futures échéances ( pas celles du 10 mai) et défis de tous genres qui nous attendent, je me sens déjà couvert de ridicule. J'ai eu, à mon grand dam, à connaître les affronts de ma dépendance culturelle. Le lieu de l'affront avait pour nom: Tunis. L'auteur du camouflet, que j'ai subi, était un touriste, tout comme moi, venu passer ses vacances d'été en Tunisie. Je me suis recouvert de ridicule ce jour là (je ne me souviens pas) et ce mois là (août) de l'année 1978, lors de mon séjour en Tunisie. Au fait, ne vous ai-je pas dit qu'avant «ça se faisait ?» Passer des vacances? Une époque où 1 000 DA se convertissait en 1 500 FR! Un temps où le passeport vert signifiait et imposait le respect partout et pour tout le monde, même aux...Gaulois. Il est vrai, que c'était une époque... dictatoriale ! Je vous prie, chers lecteurs et lectrices de ce... coq à l'âne, de revenir sur les lieux de mon... drame et d'excuser cette subite nostalgie envahissante. Je n'y peux rien. En sirotant et en savourant un café, moi et un ami à moi, en plein avenue Bourguiba, un touriste, attablé à nos côtés, m'a posé d'abord une première question: D'où êtes vous? Bien sûr, j'ai répondu: D'Algérie, non sans lui avoir fait tout un cours de géographie pour situer mon cher pays. Ensuite vint l'affront, sous forme d'une deuxième question, qui ressemblait plutôt à une foudre d'un furieux et violent hiver, qu'à une interrogation: Etes-vous, d'origine française ? Abasourdis puis en reprenant mes esprits j'ai répliqué: Pourquoi, donc, cette question puisque je vous ai dit que nous sommes Algériens? Après la foudre, c'est au tour d'un séisme d'amplitude 7° sur l'échelle de Richter : « C'est parce que, je vous ai observé et entendu discuter entre vous en langue française ! » Qu'avais-je à répondre, si ce n'est, tout en m'enfonçant d'avantage: «C'est l'habitude» Etant jeune, cette réponse maladroite ne signifiait rien d'outrageant ou de déshonorant mais après l'avènement des rides et des cheveux blancs, le sens de cette innocente réponse revit toute sa dimension et son importance. Elle signifie: Dépendance, reniement de soi, et enfin non souveraineté culturelle. Nous clamons haut et fort que nous sommes berbérophones et arabophones, selon le camp d'appartenance. Qu'est-ce, donc, un berbère et un arabe qui ne se distingue pas, parmi ses semblables des autres nations, par son indépendance culturelle, ses us et valeurs? Ce n'est qu'un mensonge et une bêtise supplémentaire à ajouter à un échiquier, pas très beau à consulter. Une dépendance doublée d'un complexe maladif dont nous n'arrivons pas à nous défaire et qui fait de nous de dociles cobayes où le premier venu vient greffer ses expérimentations sociologiques, culturelles et autres. Un complexe résultant de la perte de la dignité et du « Nif» algérien et de cette appartenance culturelle, que nous conteste une certaine élite ou, si vous voulez, pour employer le vrai terme, passerelles culturelles. Le sous-développement se guérit mais la perte de la dignité est incurable. Un proverbe algérien du Djurdjura dit: « L'eau lave tout, sauf... l'humiliation. » Tous les ingrédients pour laver... l'affront culturel et qui nous propulseront sur les cimes sont disponibles et connus de tous. Ces facteurs de renaissance sailliront et jailliront d'une pensée algérienne d'âme et de nom et de notre appartenance berbère, musulmane et arabe. C'est ce jour là, seulement, que nous pourrons dire que nous sommes Algériens et que nous sommes: Nous-même mais pas avant. 1- Plutôt blâmer le loup au lieu de la chèvre. 2- Défraie la chronique, tu seras...célèbre. 3- Le vaincu suit et imite son vainqueur.