Chaque samedi, les intellectuels et les amoureux de lettres, adeptes du café littéraire se rendent à la salle du cinéma El-Djamel pour vivre un après-midi culturel. Samedi passé, la poésie populaire qui était à l'ordre du jour. Après un morceau de musique orientale joué au Oud par Hrach Baghdadi à la demande des présents, c'est le président M. Boudia Mohamed, président du Café littéraire qui va expliquer l'origine du 1er avril connu par le « poisson d'avril ». L'histoire fait remonter l'origine de cette coutume en l'an 1564 lorsque le monarque de l'époque Charles IX instaura le 1er janvier comme le début de l'année en remplacement du 1er avril. Les étrennes du nouvel sont alors offertes trois mois plus tôt. À partir de cette année, il ne restait plus que des félicitations et des cadeaux ridicules accompagnés de messages trompeurs. Cette date coïncide avec la fin du carême, période pendant laquelle les chrétiens n'ont pas le droit de consommer de la viande qui est remplacée par du poisson. De ce fait, l'offrande la plus fréquente est représentée par un faux poisson. On parle aussi de poissons jetés dans les rivières pour faire tromper les pêcheurs. D'autres avancent une interdiction de pêche à cette période coïncidant avec la ponte. L'autre intervenant, en l'occurrence Dr. Medjdoub a éclairé l'auditoire sur la vie de Sidi Abderrahmane el Medjdoub, poète populaire sarcastique du 16e siècle. De son vrai nom Abou Mohamed, Ben Ayad, Ben Yagoub, Ben Salama, Ben Khachacha, El-Sanhadji, El-Faradji, Ed-Doukali surnommé El Medjdoub. Il serait né en 1505, à Titt, non loin de Meknès lors du règne des Beni Watas quelques années après la décadence en Andalousie. Il était contemporain de Benkhlouf, célèbre poète de Malhoun et Sidi Ahmed Benyoucef, saint patron de Miliana. Les quatrains de Abderrahmane Medjdoub nous sont parvenus grâce à la transmission orale. C'est en 1868 que le comte Henri de Castries, colonel de l'armée française arriva à réunir tous ces poèmes dans un recueil «les gnomes de Abderrahmane Medjdoub». L'oeuvre de ce poète mystique a fait l''objet de recherches par Jeanne Milly Selles «El Medjdoub poète sarcastique du 16e siecle» ainsi que Alexandre Louis de Premare «tradition orale de Medjdoub, récits et quatrains inédits». D'aucuns pensent que Abderrahmane Medjdoub est un mystique extatique qui utilise le quatrain emprunté au melhoun pour inviter à l'élévation morale des âmes. Le thème social occupe une grande part de l'oeuvre comme.« dhrabt kefi li kefi oua khamamt fi ardh saa, sobt kelt chi trechi oua naoudh nen djamaa » (j'ai claqué des mains, je me suis assis par terre pour réfléchir. j'ai constaté que la pauvreté rend l'homme vulnerable rt le marginalise ) ou encore « echachia tatbaa el ras, el ouadjh dhaouih el hassana, el meksi yagoud maa nas oua larian naoudhouh ma hadhana » (le chapeau sied à la tête, le rasage confère au visage toute sa brillance. Celui qui est bien habillé est bien entouré tandis que le dépenaillé reste seul.) Melle Benani Halima est venu de Tissemsilt, ville connue pour son festival de la poésie populaire. Détentrice d'une licence en lettres arabes, elle exerce dans une bibliothèque. Elle se passionne pour la poésie. Elle est venue présenter des poèmes dans les trois langues, en arabe, en français et dans la langue de Shakespeare. Les thèmes qu'elle affectionne sont patriotiques comme la vigilence liée à la situation sécuritaire. Elle vient de publier un recueil de poésie intitulé «le combat du stylo». Le modérateur Saadoune Bouabdellah a ému l'assistance avec des poèmes en melhoun sur les parents «quand on perd son père, ce sont deux membres qui sont amputés. Quand il s'agit de la mère, on est anéanti». Mansour Mokhtari, Ghazal, et Aissa Nekaf ont lu des poèmes dont le sujet est social.