Rendez-vous - Mostaganem aura son premier festival de la poésie populaire el melhoun. La première édition se tiendra du 20 au 26 août. C'est sur les traces de Sidi Lakhdar Benkhellouf que cette manifestation a été initiée, d'où d'ailleurs l'intitulé du festival : «Le Festival national de la poésie melhoun». Sidi Lakhdar Benkhelouf, poète du XVIe siècle, mais aussi sociologue, un soufi, une personnalité militaire et historique connue au niveau maghrébin, a immortalisé d'importants événements par sa poésie à l'instar de l'arrivée des Andalous en Algérie et les croisades hispaniques. «Le festival s'inscrit dans la continuité de celui de la musique chaâbie», a affirmé, hier, Abdelkader Bendamèche, commissaire du festival et ce, lors d'une conférence de presse à l'Institut national supérieur de musique. Cette manifestation culturelle, selon l'orateur, vise essentiellement la mise en valeur de la poésie el melhoun algérienne. «Notre objectif principal est la protection, la mise en valeur et la promotion de ce genre de poésie», dit Abdelkader Bendamèche qui a tenu, au passage, à souligner l'importance, sur le plan sociologique et historique, de la poésie de Sidi Lakhdar Benkhelouf. C'est alors, et profitant de l'occasion, que Abdelkader Bendamèche s'est longuement étalé sur la vie et le parcours du poète et le contexte historique de l'époque. «Sidi Lakhdar Benkhelouf n'est pas seulement sociologue, historien, journaliste et théologien, il est aussi le précurseur de la poésie el melhoun. Le saint homme a immortalisé dans des vers d'une grande valeur poétique, historique, sociologique et journalistique, certains événements majeurs qui se sont produits en son temps. Sidi Lakhdar Benkhelouf a, à titre d'exemple, évoqué avec force détails la bataille qui a opposé des populations à l'armée espagnole. Pour le conférencier qui ne cessait, à chaque fois, de souligner la force d'observation du poète, Sidi Lakhdar Benkhelouf était «un saint homme, qui vénérait Sidi Boumediène, se servait de poésie pour faire passer des messages de paix, d'amour et d'adoration du Créateur». Ainsi, les organisateurs se soucient de cette nécessité à mettre en valeur, à travers le festival, «des trésors inestimables légués à la postérité par ce troubadour». Par ailleurs, le Festival se veut, toujours selon Abdelkader Bendamèche, «un hommage à cette personnalité qui a institué la poésie populaire en Algérie et qui était connu pour avoir fait l'éloge du prophète, mais aussi une occasion pour souligner l'algérianité de cette personnalité.» A ce premier rendez-vous sont programmées lectures poétiques, conférences-débats, soirées musicales et projections de films documentaires. C'est alors que le programme prévoit dix concerts musicaux, tous styles confondus, avec la participation de troupes d'Alger, de Blida, de Mostaganem et d'Oran. Parmi les artistes attendus, figurent Abdelkader Chaou, Kamel Bourdib d'Alger pour le genre musical chaabi, Cheikh El-Merniz Abderrachid de M'sila pour le melhoun et Cheikh Ben Dhiba Boughirati de Mostaganem pour le bédoui ainsi que les représentants des associations El-Inchirah (Alger), El-Qortobya (Tlemcen), Ibn Baja (Mostaganem) et Rachidya (Mascara). Notons que El Hadj Ahmed Bouziane et Kamel Hamadi, deux figures connues et reconnues de la musique algérienne, déclameront des poèmes à la mémoire de Sidi Lakhdar Benkhelouf lors de la soirée inaugurale de cette manifestation culturelle. - Le programme prévoit également un colloque national sur la vie et l'œuvre du maître de la poésie populaire (el-melhoun) en Algérie, Sidi Lakhdar Benkhellouf. Neuf conférences traitant des différents aspects de la vie de Benkhellouf, seront animées par des chercheurs. Les travaux de ce colloque seront édités sous forme de livre. Dans ce cadre, le commissaire du festival, qui prépare une biographie sur le poète, a mis l'accent sur la nécessité de consigner dans les livres ce qui se rapporte à notre patrimoine culturel et historique. Et de dire : «Nous sommes une société à forte tradition orale. L'oralité a été, parfois, la cause de notre décadence. C'est pour cette raison que j'insiste sur l'importance de l'écriture, parce que celle-ci reste le meilleur support qui permettra aux générations futures de connaître davantage leur culture.» Abondant dans le même sens, Abdelkader Bendamèche déclare : «Sans mémoire et sans histoire, il n'est point de nation.» Ce dernier a, ensuite, affirmé qu'il a pu, grâce à ses nombreuses recherches, recueillir pas moins de 170 poèmes. En ce qui concerne le mythe qui entoure le poète mystique du XVIe siècle, Abdelkader Bendamèche a estimé qu'il faut combattre ce genre de croyances par la rigueur scientifique. «La conjoncture actuelle nous oblige à interroger notre mémoire et notre histoire pour mieux connaître notre identité», a-t-il expliqué. Décédé à l'âge de 124 ans, il figure parmi les poètes les plus connus de notre pays. Il doit sa renommée à ses poèmes consacrés à la glorification du Prophète (QSSSL). Sa poésie est mise en musique par les chanteurs chaâbis.