Chose intéressante, le sultan fait ici passer le fait national avant le fait religieux, lui qui a pourtant, selon le roi de Jordanie, des rêves de «sunniser» le Moyen-Orient. Le vice-président de la Douma a en tout cas embrayé, dénonçant une «troisième force» à l'œuvre derrière la récente flambée de tension. S'il n'a pas nommé la Turquie, l'accusation est claire comme un verre de vodka (ou d'arak en l'occurrence) : «La force qui continue d'attiser les flammes au Moyen-Orient, en Asie centrale et au Caucase n'est pas satisfaite de nos réussites et de celle de nos alliés dans la lutte anti-terroriste en Syrie et joue à exacerber du conflit du Nagorno-Karabagh.» Info, intox ? Difficile à dire en ces temps incertains nimbés de mystère... Par ailleurs, sur le plan «révélations», nous avons volontairement laissé passer quelques jours après la publication des Panama papers car il était évident que ce qui avait motivé ces «divulgations» rocambolesques allait sortir au grand jour. C'était trop beau pour être vrai : le camp du Bien était composé de blanches colombes immaculées (mis à part quelques exceptions pour la forme) tandis que les adversaires de l'empire - Poutine, Assad, les Chinois, les partis eurosceptiques - étaient cloués au pilori, souvent sur des allégations peu probantes mais dans un défoulement général de la volaille médiatique. Trop beau pour être vrai, effectivement... On savait que la fondation Soros était derrière l'International consortium of investigate journalists (ICIJ) à la base de la publication, ce qui jette une ombre indélébile sur toute cette affaire. Wikileaks, qu'aucun plumitif occidental ne cite jamais, curieusement, va plus loin : «L'attaque contre Poutine est le fruit d'une collaboration entre l'US Aid et la fondation Soros». Pour mémoire, l'USAid, la (très) mal nommée Agence américaine pour le développement, est derrière la tentative de coup d'Etat contre Hugo Chavez au Venezuela en 2002 et traîne un certain nombre d'autres casseroles. Pas étonnant qu'aucun Américain ne soit cité par l'ICIJ, ce que le directeur de l'organisme justifie avec une hypocrisie invraisemblable : «Nous n'avons pas l'intention de publier toutes les informations qui pourrait heurter la sensibilité d'innocents individus. Nous ne sommes pas Wikileaks, nous faisons du journalisme responsable» (énorme !) Ainsi, le gouvernement américain est directement impliqué dans ces fuites, ce qui, toujours selon Wikileaks, est un coup sérieux porté à son intégrité. Faut-il que l'empire soit désespéré pour ressortir à ce genre de tactique ? Va-t-elle tout de même payer ? L'avenir nous le dira. (Suite et fin)